La voiture électrique reste profondément impopulaire

Coup sur coup, un sondage de l’IFOP et un autre de CSA, publiés lors des derniers jours, montrent que les Français dans une écrasante majorité (78% et 73%) ne veulent toujours pas passer aux véhicules électriques. Et ils sont de plus en plus nombreux à être réticents voire même hostiles… Ils les considèrent comme trop coûteux, réservés à une clientèle aisée, et offrant des prestations d’usage toujours très inférieures à celles d’un véhicule thermique. La plupart des politiques, des technocrates, des militants et même des dirigeants de groupes automobiles ont oublié et même nié une chose essentielle : le consommateur final a toujours raison. Ils ont ainsi créé de toutes pièces une crise majeure à la fois industrielle, économique et sociale.
 

Il y a une raison majeure, une seule, pour laquelle la transition à marches forcées vers les véhicules électriques est en train de devenir en Europe une catastrophe industrielle, économique et sociale, les automobilistes n’en veulent pas. La plupart des politiques, des technocrates, des militants écologistes et même des dirigeants de groupes automobiles n’ont pendant longtemps pas voulu le voir et l’ont tout simplement nié. Les consommateurs allaient finir par se plier aux injonctions sous la pression d’une vague ininterrompue de propagande et de publicité et plus encore sous celle des aides, des contraintes et des sanctions financières.

Il n’en est rien. La grande majorité des automobilistes ne veut pas d’un véhicule plus cher, offrant des prestations inférieures et des contraintes de recharge et d’autonomie et dont l’empreinte carbone apporte des gains relativement limités sur la motorisation thermique… à condition que l’électricité permettant la recharge des batteries soit décarbonée, ce qui est loin d’être toujours le cas. Et quand en plus les aides, pour des raisons budgétaires, ne sont plus au rendez-vous les ventes de véhicules électriques baissent fortement, comme l’an dernier et de façon spectaculaire en Allemagne (-27,4%).

« Nous avons des voitures et pas de clients… »

« Quand nos dirigeants européens ont décidé en 2022 la fin de la vente des voitures thermiques neuves en 2035, ils ont oublié l’adage selon lequel le consommateur final a toujours raison », résume Luc Chatel, président de la Plateforme automobile, qui représente la filière économique. « Ce que nous avions craint, à savoir que les constructeurs fassent les transformations, investissent et que nous ayons des voitures mais pas de clients, s’est réalisé… ».

La voiture électrique reste profondément impopulaire. Pour preuve, la publication au cours des derniers jours de deux sondages, l’un réalisé par l’Ifop pour Roole, le premier club automobile de France, et l’autre par le CSA pour la Plateforme automobile qui représente l’ensemble de la filière économique.

Près de 80% des Français ne veulent pas acheter une voiture électrique

D’après l’étude de l’IFOP, le nombre de Français n’ayant pas l’intention d’acheter un véhicule électrique flirte maintenant avec les 80%, 78% exactement. Ils sont 5% de plus qu’en 2023 et 10% de plus qu’en 2022. Ils sont aussi 70% à considérer que la décision imposée par les institutions européennes d’interdire de fait d’ici 2035 la vente de véhicules neufs à moteur thermique est une erreur.

Près de 22% des Français envisagent d’acheter une voiture électrique dans les prochaines années… contre 33% en 2021.

« On pourrait se dire que les Français hésitent face à ce qu’ils ne connaissent pas, mais à tort ou à raison, ils pensent avoir une vision assez claire de l’offre et du produit », explique Jérôme Fourquet de l’Ifop.

Et 27% des personnes interrogées ne sont même pas convaincues du gain en matière d’empreinte carbone qu’apporte un véhicule électrique par rapport à un véhicule à moteur à combustion interne.

« Electro-allergiques », « électro-sceptiques » et « électro-prudents »

Pour une très large majorité des personnes interrogées, le passage à l’électrique crée des contraintes d’usage nouvelles (autonomie, recharge) qui sont une source de stress. Et 86% des sondés jugent la durée de vie des batteries trop limitée.

Mais, c’est sans surprise que le principal frein à l’achat est le prix jugé trop élevé pour 47% des personnes interrogées. L’appauvrissement de fait d’une grande partie de la population s’est traduite notamment par une réduction du budget automobile. Et comme les voitures électriques sont plus coûteuses et que le marché de l’occasion pour ses véhicules fonctionne mal, 79% des sondés estiment qu’ils sont réservés à une clientèle aisée et encore pour les trajets courts du quotidien.

Dans le sondage réalisé par le CSA, les résultats sont très proches de ceux de l’IFOP. Ainsi, seuls 27% des Français soutiennent la décision de l’Union Européenne d’interdire de fait la vente des véhicules neufs à moteur thermique d’ici 2035, un niveau presque équivalent à celui de l’étude de l’IFOP. En tout, 73% des sondés par le CSA se retrouvent dans les catégories hostiles et réticentes à la voiture électrique qualifiées « d’électro-allergiques » (11%) « d’électro-sceptiques » (37%) et « d’électro-prudents » (25%). Au total, cela représente 73% de la population, une évaluation à nouveau très proche des 78% du sondage de l’IFOP qui n’ont pas l’intention d’acheter un véhicule électrique.

Pour les seuls « électro-allergiques » et « électro-sceptiques », qui représentent pas moins de 48% de la population, le passage forcé à l’électrique est même perçu comme une véritable atteinte à leur liberté de circuler.

L’instauration des ZFE (Zones à faibles émissions), prévue par la loi dans toutes les agglomérations de plus de 150.000 habitants, n’y est évidemment pas pour rien.

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4 réponses

  1. Je ne suis ni pour ni cotre les VE. Mon épouse a troqué sa twingo diesel contre une Dacia spring en LLD, le coût de location étant compensé par le faible coût des recharges à domicile pour un usage exclusivement urbain ( dans un rayon de 80km autour du domicile), jamais de recharge sur bornes extérieures. Par contre, comme nous sommes dans un désert médical pour les consultations de spécialistes, nous avons besoin de nous déplacer dans de grands centres ( Paris, Lyon, Dijon etc…) et les transports en commun ne sont pas adaptés à nos besoins ( Trop compliqués, trop longs, trop fatigants ou trop chers). Nous utilisons donc notre seconde voiture ( berline allemande diesel confortable et fiable) pour les longues distances. Nous n’avons aucune envie d’être obligés de calculer un itinéraire passant par des bornes électriques, de faire éventuellement la queue aux bornes ( jours de grands départs), de poireauter une 1/2 heure voire plus pour recharger en cours de route), même si le coût n’est que divisé par deux pour cause de tarif autoroutier en hausse constante- chaque trajet me coûte aussi cher d’autoroute que de diesel ( 6l/100km).
    Donc le prix de l’énergie ne peut compenser la valeur d’usage d’un moyen de transport s’il n’est pas adapté à nos besoins, n’en déplaise aux urbains égoistement inconditionnels de l’électrique!

      1. Non, les écolos des villes sus-citées vont se faire dégager à grands coups de pompes dans le fondement, les ZFE vont disparaître et on reviendra rapidement, (vu la situation actuelle de l’industrie automobile) à des dispositions plus raisonnables et nuancées sur cette stupide transition!
        Et si ça n’arrivait pas, ce serait la fin de l’UE et de la France au niveau économique mondial.

  2. Et pour ceux qui ont franchi le pas de la voiture à pile en pensant sauver le climat et se donner bonne conscience, désolé, mais votre ancienne voiture continuera d’émettre, certes, sans vous, mais probablement grâce à quelqu’un d’autre et ailleurs…. https://www.ouest-france.fr/leditiondusoir/2022-09-21/pourquoi-les-voitures-d-occasion-europeennes-ne-sont-pas-un-cadeau-pour-l-afrique-fbb45119-1953-4f0c-92c2-54de38f5859a

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