(Article de Kevin Tanguy initialement publié dans Bd Voltaire du 10 Août 2022)
Les mesures incohérentes du gouvernement vont leur coûter cher. Boulevard Voltaire en parlait la semaine dernière : après des années à lutter contre les centrales à charbon, Emmanuel Macron a initié la réouverture de l’usine de Saint-Avold (Moselle) pour compenser le difficile hiver qui se profile. « Nous avions dit dès le départ que la fermeture de la centrale de Saint-Avold était une erreur stratégique et qu’il fallait la garder en réserve », déplore Jean-Pierre Damm, délégué syndical FO du site auprès de nos confrères du Figaro.
Avec une prime, les employés retournent au charbon
Alors que la fermeture avait été actée en mars dernier, l’État a appelé au secours les anciens employés de la centrale pour une durée de six mois (d’octobre à mars 2023). Mais ce n’est pas si simple de remettre au boulot des salariés d’un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE). « Il a fallu modifier le droit du travail dans le cadre de la loi pouvoir d’achat, votée par le Parlement en juillet, nous apprend Le Figaro. Ceci, afin de permettre à GazelEnergie [entreprise qui gère le site de Saint-Avold] de suspendre temporairement le PSE, le temps d’un hiver, pour les salariés intéressés à rempiler. » Pour inciter les employés à relancer l’usine à charbon, les syndicats ont réussi à obtenir une prime mensuelle de 5.000 euros s’ajoutant au salaire.
Les prix flambent
De la main-d’œuvre, c’est bien, mais avoir du charbon c’est encore mieux. Sauf que voilà, depuis la guerre en Ukraine, l’approvisionnement en charbon est compliqué. Pour rappel, le charbon russe représentait 30 % des importations françaises avant le début du conflit. Pour pallier ce manque de ressource, GazelEnergie a fait appel à sa maison mère. Ce qui n’empêche pas l’inflation ; le prix du charbon a été multiplié par six depuis début 2021. Comme si cela ne suffisait pas, le coût du transport a, lui aussi, explosé.
L’inflation touche également le groupe EDF, à tel point que le gouvernement a été obligé d’installer, en janvier 2022, un bouclier tarifaire pour maintenir les prix. C’est donc un manque à gagner pour le fournisseur d’électricité ; EDF réclame 8,34 milliards d’euros de dédommagements à l’État français. L’incapacité du gouvernement à anticiper un dérèglement géopolitique ainsi qu’une restriction énergétique entraîne de lourdes conséquences, pour le consommateur français et pour les finances publiques – qui devront être remboursées un jour par le contribuable.