À moins d’installer vite fait des centrales à gaz, nous en avons pour au moins dix années de coupures, le temps d’installer des EPR…
Les media et le monde politique réalisent (enfin) que nous avons un problème de production d’électricité. En général, ils mettent ça sur le compte des ennuis du nucléaire et de la guerre en Ukraine. Nous allons voir que le problème est structurel et n’est pas près d’être résolu.
Situation actuelle
Faisons un calcul de la disponiblité actuelle les nuits sans vent. (ce qui est plus ou moins la situation météo actuelle au 8 décembre 2022 et de la semaine prochaine)
- Nucléaire………. 40 GW (chiffre optimiste)
- Gaz……………….. 15 GW (maxi selon les historiques)
- Hydro……………. 15 GW (idem)
- Charbon
fuel, biomasse…. 2 GW
Total………………………. 72 GW
Pointe record historique 2012… 102 GW
Pointe des dernières années…… 90 GW
L’activité économique étant très faible, avec le charbon allemand nous aurons peut-être moins à la pointe. Les media et les institutions s’en félicitent, ce qui est un comble ! Mais même avec une consommation de pointe très faible, de l’ordre de 75 GW, le soir à 19 heures nous devrons importer d’Allemagne. Car conformément à leur double langage les Allemands ont soigneusement conservé suffisamment de lignite et de charbon pour être excédentaires, même à leur pointe à eux.
Et le futur ?
On se souvient (peut-être) que même avant l’épisode de défaut de nucléaire, RTE était inquiet. C’est que le problème est structurel.
Même avec 90 % de disponibilité du nucléaire, soit 54 GW, on aurait 86 GW : on ne passe pas.
Et les 90 % seront difficiles à atteindre du fait du « grand carénage » pour prolonger les centrales.
Avec Flamanville, on aura 1,6 GW en plus, soit 88 GW : c’est pareil, surtout si on augmente les usages électriques et si on referme les centrales à charbon. RTE et EDF prévoient maintenant que la consommation d’électricité pourrait doubler d’ici 2050. En faisant des efforts, la pointe pourrait être limitée mais on imagine qu’elle monterait quand même vers 120 à 150 GW.
Donc à moins d’installer vite fait des centrales à gaz, nous en avons pour au moins dix années de coupures, le temps d’installer des EPR… si les zadistes le permettent.
Et pour l’instant, la loi sur l’énergie et la Programmation pluriannuelle de l’énergie sont inchangées : cap sur « 50 % » de nucléaire, arrêt de 12 centrales. Les dix années citées au-dessus sont peut-être très optimistes.
Et les Allemands n’ont rien changé non plus sur l’Energiewende, avec à terme l’arrêt du nucléaire et du charbon. Leurs dérogations à ces arrêts prendront fin avec la guerre en Ukraine.
Il y a de l’avenir pour les fabricants de groupes électrogènes.