Le Conseil européen vient de confirmer son utopie du tout renouvelable

Initialement publié dans Atlantico

Les 27 ont une fois de plus affirmé leur credo renouvelable en niant la réalité, en refusant d’admettre que c’est eux et non Vladimir Poutine qui ont créé le chaos énergétique dans lequel nous nous trouvons. S’ils n’avaient pas ostracisé les combustibles fossiles et l’énergie nucléaire, nous ne serions pas dans ce pétrin. Non seulement ils sont coupables, mais ils veulent accélérer la course vers le déclin.

Le conseil européen du 9 février persiste et signe

Bien que les énergies renouvelables ne figuraient pas à l’ordre du jour du dernier Conseil européen, elles étaient présentes puisque le Conseil a estimé qu’« il est nécessaire de simplifier et d’accélérer les procédures » afin que davantage d’argent soit canalisé vers « les secteurs qui revêtent une importance stratégique pour la transition écologique ».

En d’autres termes, on va donner encore plus d’argent aux énergies renouvelables. Il demande également que « la prochaine réforme de l’organisation du marché de l’électricité favorise la transition vers un système énergétique décarboné » — une phrase hypocrite dans laquelle Emmanuel Macron veut dire nucléaire et Olaf Scholz veut dire éolien.

C’est le contraire de ce que réclament les énergéticiens, puisque la priorité donnée à la distribution d’électricité d’origine renouvelable a fait flamber le prix de l’électricité ces derniers mois. En bref, le Conseil persiste dans son déni de la réalité, non seulement européenne, mais aussi mondiale.

Depuis que la politique a pris le contrôle de la politique énergétique, il n’y a plus de limites aux approximations, exagérations et autres erreurs.

L’UE prétend « sauver la planète » et donner l’exemple au reste du monde d’une « énergie zéro carbone ». Cette quête est utopique.

D’ailleurs, le monde ne suit pas l’UE. Au cours des dix dernières années, seuls 20 % de la croissance de la demande énergétique dans les pays non-membres de l’OCDE ont été satisfaits par les énergies privilégiées par le Conseil européen, à savoir l’énergie éolienne et solaire. Par conséquent, en dehors de l’OCDE, l’écart entre la consommation d’énergie conventionnelle et la consommation d’énergie verte se creuse. L’échec de l’UE à la COP27 de Charm-el-Cheikh n’a pas encore pénétré les esprits de Bruxelles-Strasbourg.

L’utopie du tout renouvelable

L’UE persiste à croire qu’elle remplacera tous les combustibles fossiles – et, selon certains, l’énergie nucléaire également – par des énergies renouvelables, et ce rapidement. Pourtant, dans le monde, les combustibles fossiles représentent 81 % d’une consommation en constante augmentation. Dans l’Union européenne, ils représentent encore 75%. Mais par quoi veut-elle les remplacer ?

L’électricité propre et bon marché n’a pas attendu la transition énergétique. Depuis les années 50, le développement important des centrales hydroélectriques a pris place dans le monde entier. Bien que renouvelable, propre et contrôlable, cette énergie est détestée par les écologistes, car elle nécessite la construction d’un barrage et l’inondation d’une vallée (laissons de côté les centrales au fil de l’eau, qui sont déjà largement utilisées). L’autre solution serait d’utiliser davantage de bois comme le faisaient nos ancêtres. Aujourd’hui, c’est la principale énergie renouvelable utilisée dans l’UE (10 % de notre consommation d’énergie primaire). Mais cela non plus n’est pas souhaité par les écologistes, à la fois parce que les forêts sont détruites et parce que le bois est tout simplement un produit naturel.

Il y a également le biogaz produit à partir de déchets agricoles. Au mieux, et à condition de ne pas continuer à détruire l’agriculture comme le veut l’écologisme, le potentiel de cette énergie pourrait représenter 2,2 % de la consommation totale d’énergie dans l’UE. Ce n’est donc pas ce gaz vert qui nous permettra de nous passer des combustibles fossiles. Que reste-t-il donc ? L’énergie éolienne et l’énergie solaire, en particulier l’énergie photovoltaïque. Depuis les chocs pétroliers des années 1970, l’UE n’a cessé de les promouvoir, d’abord par le financement de la recherche et du développement technologique, puis par la contrainte législative qui oblige de les produire. On prétend qu’elles sont bon marché, mais si c’était vrai, pourquoi les obligations législatives de les produire étaient-elles nécessaires avec les directives de 2001, 2009, 2018 et 2023 ? Malgré cet arsenal, ces deux énergies — les seules tolérées par Bruxelles-Strasbourg — représentent 3 % de l’énergie primaire utilisée dans l’Union européenne.

De plus, pour atteindre ce pourcentage insignifiant, il a fallu dépenser plus de 2000 millards d’Euros depuis 2000, … et je ne m’attarderai pas sur l’utopie de l’hydrogène.

Tout dépend des énergies conventionnelles

Avec des résultats aussi médiocres, comment peut-on penser à remplacer les combustibles fossiles par ces deux énergies ? En fait, on trompe le public en lui assénant le terme « énergie renouvelable » alors qu’il ne signifie qu’énergie éolienne et solaire.

Lors du dernier discours sur l’état de l’Union, Joe Biden a déclaré que “nous n’avons besoin de pétrole que pour peut-être encore 10 ans”. Pourtant, l’énergie renouvelable qui est tolérée ne produit que de l’électricité. Ni l’administration Biden, ni la Commission européenne, ni le président de la République française n’ont de solution pour remplacer rapidement tout ce qui dépend de l’énergie conventionnelle. Regardez autour de vous : tous les objets que vous voyez ont été produits avec de l’énergie conventionnelle. Tous ! Il en va de même pour notre alimentation. La masse de plastique qui vous entoure provient du pétrole que Joe Biden veut supprimer et que Bruxelles-Strasbourg a supprimé de son vocabulaire.

C’est une tromperie inacceptable de continuer à prétendre que le monde peut fonctionner avec des éoliennes, pourtant c’est devenu la réalité des médias et des politiciens européens. Heureusement, à la lumière de l’élargissement en cours des BRICS, en dehors du microcosme de Bruxelles-Strasbourg-Washington, personne ne croit à ce fantasme et l’on continue à développer massivement les énergies conventionnelles. Il est étrange que le Conseil nie cette réalité géopolitique.

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