Nucléaire ou énergies renouvelables, quel coût pour la collectivité ?

01 décembre 2021 • l’équipe de la Fondation iFRAP

Chaque semaine, la Fondation iFRAP passe au crible une mesure au coeur du débat de la présidentielle en partenariat avec l’Express. Cette semaine, la question du nucléaire :

Les propositions sur la table 

La France compte 56 réacteurs nucléaires qui produisent aujourd’hui 70% de l’électricité consommée en France. La montée des prix de l’électricité et l’entrée en campagne présidentielle reposent la question du mix énergétique de la France. Certains candidats veulent construire 6 centrales EPR, voire 10, et prolonger la vie des centrales existantes dans les 20 prochaines années, d’autres veulent sortir totalement du nucléaire dans les 20 prochaines années et accélérer sur les énergies renouvelables. La question est aujourd’hui de savoir combien chacun de ces deux choix coûterait à la collectivité.  

On fait chauffer la calculette  

Grand carénage (entre 30 et 40 milliards) et construction de 6 EPR (47 à 57 milliards d’euros) : environ 130 milliards d’euros.

Parmi les candidats à la présidentielle, plusieurs candidats LR proposent de poursuivre le projet du grand carénage pour augmenter la durée de vie des réacteurs existants jusqu’à 60 ans. Cela représenterait un coût de 49,4 milliards d’euros au total dont une partie a déjà été décaissée depuis 2015, selon les données de l’électricien EDF. La Cour des Comptes estime elle la facture à 100 milliards, mais jusqu’à une période de 2030. Selon nos estimations, le coût annuel est estimé autour de 4 milliards d’euros d’ici 2030, soit une fourchette entre 30 et 40 milliards d’euros pour le programme du Grand carénage.  

S’agissant des nouvelles centrales, les candidats LR ainsi que le président de la République se prononcent pour la construction de 6 EPR. Xavier Bertrand table lui sur la construction de 10 EPR. Arnaud Montebourg et Éric Zemmour veulent aussi la relance du nucléaire, sans donner plus de précision. Quant à Marine Le Pen, elle souhaite aussi construire 6 EPR, stopper les fermetures de centrales, relancer le programme Astrid et arrêter les subventions aux énergies renouvelables. 

Pour la facture, EDF estime pouvoir réaliser des économies d’échelle de l’ordre de 20% à 30% grâce la simplification de l’EPR et la construction sur des sites français existants devant permettre de réduire les coûts notamment de raccordement au réseau. Le coût est estimé à 47,2 milliards d’euros par l’électricien, coût revu récemment à la hausse pour 54 milliards d’euros. Soit un prix de 9 milliards d’euros par réacteur. Un coût bien en deçà des 20 milliards d’euros de l’EPR de Flamanville ou des 12 milliards de l’EPR britannique Hinkley Point. Xavier Bertrand, avec sa proposition de 10 EPR, ferait lui gonfler la facture totale à 90 milliards.  

Passer à 100 % de renouvelables : entre 400 et 500 milliards d’euros d’ici 20 ans 

Parmi les candidats pro-énergies renouvelables, Anne Hidalgo et Jean-Luc Mélenchon prônent une « sortie rapide » du nucléaire mais sans plus de précisions. Yannick Jadot propose une sortie du nucléaire sur 15 ou 20 ans. Dans son rapport sur les « Futurs énergétiques », le gestionnaire du réseau électrique RTE chiffre l’investissement pour produire 100% d’électricité renouvelable (ENR) à environ 460 milliards d’euros pour le scenario le plus favorable aux EnR (au sein d’une dépense totale de 944 milliards qui comprend aussi des dépenses de transport et de distribution). En passant par une autre méthode de calcul pour atteindre 74 gigawatts d’éolien marin, 62 d’éolien terrestre, 208 de photovoltaïque, nous obtenons un coût d’environ 500 milliards d’euros pour la collectivité.  

Pour résumer :  

  • Une stratégie de grand carénage de nos centrales existantes (les centrales nucléaires américaines identiques aux nôtres visent des durées d’exploitation de 60 à 80 ans) et la création de 6 EPR coûteraient environ 100 milliards d’ici 20 ans, et jusqu’à 130 milliards dans le cas d’un scenario de 10 EPR souhaité par Xavier Bertrand ;  
  • Une stratégie 100% renouvelable coûterait en investissement dans le renouvelable (hors transport et distribution) environ 460 milliards d’ici 20 ans selon RTE – attention, le rapport RTE chiffre ses scénarios d’investissements jusqu’à 2060 tandis que les candidats font des annonces pour 20 ans ;  
  • Le rapport RTE sur les futurs énergétiques publiés le mois dernier est en revanche clair : même en prolongeant la durée de vie des anciennes centrales et en construisant des nouveaux EPR, il faudra des investissements dans les énergies renouvelables (éolien et photovoltaïque) pouvant aller jusqu’à 215 milliards d’euros d’ici 2060. On serait alors à environ 310 milliards d’investissements dans les 20 ans pour un scénario combinant forte proportion de nucléaire et renouvelables ; 
  • D’ici aux vingt prochaines années, le coût sera, quoi qu’il arrive, significatif pour la collectivité. Dans un scénario axé sur le nucléaire sans renouvelable en plus, l’addition serait entre 100 et 130 milliards d’euros (scenario à 10 EPR), hors transport et distribution. Dans un scénario 100% renouvelable, l’addition se chiffre à 460 milliards (hors transport et distribution d’électricité).  

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Une réponse

  1. Chiffrer différentes solutions, c’est bien! Mais ces deux solutions comparées, le sont elles parce qu’elles sont toutes les deux sans influences sur le climat? Si c’est le cas, c’est une erreur car toute production d’énergie ou toute consommation d’énergie provoque automatiquement l’augmentation de température de l’atmosphère qui doit, comme pour l’énergie reçue du soleil évacuer le surplus vers le cosmos.
    Les supposés gaz à effets de serre n’ont pas le monopole du réchauffement! Le CO2, le CH4 et tout autre gaz dont la molécule a plus de deux atomes n’ont pas d’autres effets que d’accélérer l’apparition de la convection atmosphérique qui se charge d’évacuer vers le cosmos sous forme de rayonnement basse fréquence la plus grande partie des énergies avec lesquelles nous réchauffons l’atmosphère.
    Les champs d’éoliennes ralentissent les vents, les détournent et modifient, de par ces actions, les températures locales et lointaines et modifient le climat tandis que les capteurs solaires rejettent 85% du rayonnement absorbé sous forme de chaleur! Donc non seulement on dépense plus, mais ça ne sert à rien!

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