Les limites à la décroissance ou la tragédie de l’ermite

Nous publions ici le début d’un article de Transitions & Energies du 7/7/23

Pour réduire rapidement les émissions de gaz à effet de serre, la décroissance est redevenue à la mode, avant tout en Europe et dans les sphères dites intellectuelles et militantes. Le problème est que la sobriété volontaire signifie accepter, en partie du moins, de se retirer du monde. Ce dont justement le reste du monde ne veut pas entendre parler et compte même profiter de la décroissance européenne pour accéder aux ressources disponibles. Un marché de dupes. Par Bertrand Alliot. Article paru dans le numéro 17 du magazine Transitions & Energies.

« Limites à la croissance » est le titre original du fameux rapport du Club de Rome. Dans les années 1970, celui-ci préconisait de mettre en œuvre des politiques de croissance zéro, voire de décroissance. En étudiant notamment l’évolution de la population mondiale, la production industrielle, les niveaux de pollution et la disponibilité en ressources naturelles, les auteurs estimaient que l’humanité allait essuyer des catastrophes à moyen terme et qu’il fallait donc mener, à l’échelle planétaire, des politiques pour limiter la croissance économique.
 
Longtemps, les États occidentaux ont voulu déjouer les pronostics du Club de Rome et échapper à l’alternative « croître ou protéger l’environnement ». Ils y sont parvenus dans certains domaines : ils ont ainsi pu « découpler » croissance économique et dégradation de la qualité de l’air ou des eaux de surface. Mais il a été très difficile de réussir dans un autre domaine : celui de la production de gaz à effet de serre devenu au fil du temps l’enjeu emblématique de l’ambition écologique. Celle-ci étant maintenant devenue l’horizon indépassable des politiques publiques, la décroissance tend à revenir en odeur de sainteté.

Personne dans le monde ne veut de la décroissance européenne

Dans ce nouveau contexte, on s’étonne que personne n’évoque non les « limites à la croissance », mais bien les « limites à la décroissance ». Il serait essentiel d’écrire un nouveau rapport sur ce sujet passionnant. Ce dernier révèlerait que le temps présent est bien peu favorable aux projets de décroissance, que ceux-ci concernent le PIB, la consommation de biens, de ressources naturelles ou d’énergie fossile.

Décroître nécessite en effet la sobriété et il y a deux manières de la mettre en œuvre. La première est d’y être contraint : par exemple, les matières premières se raréfient et les ressources énergétiques deviennent hors de prix. La décroissance est alors imposée par la nécessité. La seconde est celle que les États …

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Une réponse

  1. La sobriété volontaire, si elle est décidée, démontrera, comme une expérience grandeur nature que les causes des variations climatiques ne sont pas dues à l’humanité!

    Personne ne mentionne que les conséquence humaines de cette expérience sont non évaluées et, encore moins, gérées.
    Les promoteurs de ces expériences veulent sauver la planète en supprimant l’Humanité alors qu’il faut rendre l’Humanité plus forte et plus sereine.

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