(NDLR : Eh oui ! mais le problème est qu’on ne sait pas le faire au delà de quelques heures)
Le fonctionnement des marchés de l’électricité en Europe est devenu totalement absurde.
Du fait du déséquilibre créé par le caractère intermittent et aléatoire des productions éoliennes et solaires, les prix s’effondrent quand l’électricité est surabondante et s’envolent quand faute de soleil et de vent il faut faire appel aux productions de substitution, les centrales thermiques la plupart du temps.
Et cela en l’espace de quelques heures.
Quant au nucléaire, compte tenu de l’importance des coûts de construction et d’entretien des centrales, en faire un moyen de production d’appoint pour les heures de pointe est une aberration économique.
La seule solution pour s’en sortir consiste à stocker les excédents de production en cours de journée et être capable de les restituer quelques heures plus tard au moment du pic de demande.
Deux techniques existent :
- celle des STEPs (Stations de Transfert d’Energie par Pompage)
- et surtout celle des batteries stationnaires compte tenu de l’acceptabilité sociale très très limitée de la construction de nouveaux lacs artificiels.
Il est plus que temps de se préoccuper de ce problème.
Les réseaux électriques français et européens font face aujourd’hui à l’impérieuse nécessité de se moderniser et se transformer. Cela tient à l’évolution des habitudes de consommation et surtout à l’importance grandissante des productions renouvelables intermittentes et aléatoires (éoliennes et solaires). Elles sont un défi pour la solidité des réseaux, les équilibres économiques des nouvelles capacités de production et au final pour permettre aux consommateurs, entreprises comme particuliers, d’avoir accès à une électricité abondante à des prix acceptables.
Le symptôme évident des dégâts résultant d’une production soit trop importante, soit trop faible des renouvelables intermittents est la multiplication des périodes où sur le marché de gros l’électricité s’échange à des prix négatifs. C’est-à-dire que la production est tellement supérieure à la demande à certaines heures – notamment lors des périodes ensoleillées du milieu d’après-midi quand le photovoltaïque produit massivement et que la demande est relativement limitée – que les producteurs sont contraints de payer pour s’en débarrasser… Absurde.
Des variations de prix délirantes en l’espace de quelques heures
D’autant plus que cela s’accompagne paradoxalement d’un renchérissement important des tarifs aux heures suivant le coucher du soleil au moment où la consommation tend à reprendre et que le photovoltaïque, lui, s’efface. Il faut alors utiliser des capacités de production dites pilotables. Les centrales appelées à ce moment-là – principalement thermiques en Europe – voient leur facteur de charge diminuer grandement avec la place prise par les renouvelables et ont alors besoin de vendre bien plus chère leur production pour amortir leurs coûts fixes. Elles sont indispensables, quand il n’y a pas de vent et de soleil (déjà la nuit), mais doivent laisser la place aux renouvelables ce qui complique sérieusement leur équation économique.
Le résultat est une courbe de prix qui se creuse entre un point très bas en cœur de journée et un point très haut au coucher du soleil. Ce phénomène, déjà largement observé en Californie, a pris le nom poétique de « duck curve » (courbe en canard). Dans ce contexte, le principe même de production …