Pourquoi le modèle économique de la transition est en péril

Refuser de regarder en face les réalités économiques, technologiques et géopolitiques conduit à une impasse. Par Éric Leser. Article publié dans le numéro 23 du magazine Transitions & Energies.

La raison pour laquelle la transition énergétique se heurte aujourd’hui à un mur est assez évidente, sauf pour les institutions internationales impliquées de la Commission européenne à l’ONU en passant par l’Agence internationale de l’énergie, et pour bon nombre de gouvernements qui refusent de voir la réalité en face.

Le modèle économique de la transition ne fonctionne pas ou mal. La quasi-totalité des filières industrielles sont fragilisées. Que ce soient les producteurs d’électricité, l’industrie automobile et celles des batteries, des pompes à chaleur, de l’éolien, de l’hydrogène, des minéraux stratégiques et même le nucléaire…

Les besoins, les marchés, les financements, les perspectives de rentabilité, les stratégies publiques, les projets deviennent de plus en plus incertains. Ils le sont d’autant plus qu’ils sont affectés par les oppositions politiques grandissantes à la transition, la guerre commerciale naissante entre l’Occident et la Chine et le détricotage en cours de la mondialisation.

Des stratégies inefficaces et impopulaires

Dans le fameux trilemme de l’énergie, la sécurité d’approvisionnement et les prix abordables ont pris le pas sur la durabilité.

En dépit des discours automatiques sur l’urgence climatique et la nécessité d’une décarbonation accélérée, la transition n’est pas ou plus une priorité. Il suffit de constater la faible couverture médiatique de la dernière COP, l’édition 29 qui s’est tenue en Azerbaïdjan. Une autre illustration, après la COP 28 de Dubaï, du reflux de la transition dont l’expression institutionnelle internationale est maintenant détournée par des pays producteurs d’énergies fossiles…

Il faut dire que faute de visions claires, de prise en compte des réalités économiques, financières, sociales et technologiques, les stratégies de transition menées par les pays développés, notamment en Europe, sont à la fois peu efficaces et de plus en plus impopulaires.

Les conséquences dramatiques, sans cesse mises en avant dans les médias, du dérèglement climatique, inondations, sécheresses, tempêtes, ouragans… ne semblent pas y changer grand-chose.

Compliquer et menacer le mode de vie des plus modestes

Car les stratégies de transition actuelles reviennent surtout à renchérir les prix de l’énergie, à raréfier l’offre, à compliquer et menacer les modes de vie des plus modestes, à détruire des filières industrielles, à multiplier les contraintes et à imposer des objectifs intenables en cédant aux sirènes de la communication politique, aux modes, aux lobbys et aux solutions miracles.

Et cela sans ouvrir de réelles perspectives autres que des promesses en l’air de croissance verte et sans faire preuve de responsabilité et de capacités d’anticipation en privilégiant des solutions plus efficaces, plus pérennes mais qui ne sont pas dans l’air du temps et dans le fatras idéologique écologiste et médiatique.

C’est le cas du nucléaire, dont le regain de popularité récent est bien réel, mais la relance, notamment en France, reste depuis deux ans et demi dans les discours et pas dans les faits, ce qui illustre l’impuissance publique.

C’est le cas de la géothermie qui apporte pourtant une solution pérenne pour le chauffage et la climatisation des bâtiments mais demande des moyens financiers importants pour les investissements initiaux.

Ces moyens sont dilapidés aujourd’hui dans des parcs éoliens intermittents dont la durée de vie ne dépasse pas un quart de siècle. Une sonde géothermique est un équipement qui ne s’use presque pas et peut fonctionner plus d’un siècle…

C’est le cas des véhicules à motorisation thermique légers et consommant peu (2-3 litres au cent). Les prototypes existent. Ils ont une empreinte carbone sur leur durée de vie assez nettement inférieure aux véhicules électriques à batterie. Mais les constructeurs les ont gardés dans les cartons car ils étaient peu rentables, surtout par rapport aux SUV, et parce que la transition vers la motorisation électrique leur a été imposée.

C’est le cas de l’hydraulique, le meilleur moyen et presque le seul de stocker de l’électricité à grande échelle avec notamment les STEP (stations de transfert d’énergie par pompage). Là encore, ce sont des équipements construits pour fonctionner pendant plus d’un siècle.

Pour finir, ces différentes filières (nucléaire, géothermie, véhicules thermiques léger, hydraulique) ont l’immense avantage de ne pas être dominées par l’industrie chinoise…

Est-ce qu’à Bruxelles, Paris et Berlin quelqu’un …

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