1540, 1718, 1911 : des canicules mémorables qui ont frappé la France

Ceux qui nous ont précédés ont souffert, parfois bien plus violemment que nous, des caprices du ciel et du soleil.

À chaque nouvelle vague de chaleur, une idée revient comme une évidence : les fortes températures seraient un phénomène propre à notre époque, conséquence directe et exclusive de l’industrialisation et du réchauffement climatique.

Pourtant, il est historiquement inexact de penser que nos ancêtres vivaient dans un monde à la météo paisible et constamment tempérée. En effet, les siècles passés ont connu eux aussi des sécheresses et des canicules extrêmes, notamment en 1540, en 1718 et en 1911. Replongeons-nous donc dans l’histoire brûlante des étés passés de l’Europe.

1540 : l’année sans pluie

L’été 1540 est resté dans les annales comme l’un des plus longs et plus secs que l’Europe ait jamais connus. Cette année-là, presque aucune goutte d’eau ne serait tombée sur certaines régions du continent pendant plusieurs mois. Les chroniques de l’époque rapportent des températures insoutenables, des fleuves à sec, des forêts dévastées par les incendies et des récoltes anéanties. À Bâle, le Rhin était si bas que l’on pouvait le traverser à pied. Rome souffrit également de cette sécheresse, au point que les moulins à eau cessèrent de fonctionner.

Selon certaines études, les températures moyennes, durant l’été 1540, auraient même dépassé de plusieurs degrés (entre 4,7 °C et 6,8 °C) celles enregistrées lors de la canicule de 2003. L’impact sur les régions touchées fut alors immense : famines, migrations, augmentation des maladies… et prières de masse pour obtenir la pluie.

1718-1719 : un climat saharien à Paris

Au tournant du XVIIIe siècle, et en plein « petit âge glaciaire », une autre série de vagues de chaleur meurtrières frappa la France et une partie de l’Europe. Entre 1718 et 1719, une sécheresse prolongée suivie d’un été brûlant provoqua ainsi une véritable catastrophe démographique.

Selon l’historien Emmanuel Le Roy Ladurie, auprès de Libération en 2003, il y aurait eu

« 700.000 [morts] lors des étés caniculaires de 1718-1719, avec même l’apparition de nuées de sauterelles et une forme de climat saharien sur l’Île-de-France ».

Si la famine joue un rôle majeur dans ce bilan, la chaleur extrême aggrave la situation sanitaire : dysenteries, typhus et épuisement généralisé minent une population déjà affaiblie. Le royaume, impuissant face à ces forces météorologiques qui le dépassent, laisse l’Église organiser des processions et des jeûnes pour implorer la pluie.

1911 : l’enfer sous la IIIe République

Bien plus proche de nous, l’été 1911 reste l’un des plus éprouvants du XXe siècle pour la France, qui subit une canicule d’une intensité remarquable. À Paris, les températures dépassent régulièrement les 35 °C, avec des pointes à 39 °C. Certains journaux, comme Gil Blas, vont même jusqu’à écrire :

« Sur le boulevard, hier, le thermomètre marquait, à midi, exactement 47 degrés. »

Dans toute la France, les fontaines sont prises d’assaut, les rues surchauffées deviennent impraticables,

« les meilleurs puits tarissent », « tout grille par la campagne […] les maïs se recroquevillent, les betteraves cuisent dans la terre ».

D’après RetroNews, près de 40.000 décès sont recensés, notamment chez les enfants et les personnes âgées. Cette canicule ne s’achèvera qu’en septembre 1911, après plus de 70 jours d’un été accablant et meurtrier où,

« chaque soir, le soleil se couche dans des lueurs d’incendie ».

Ainsi, les canicules de 1540, de 1718-1719 et de 1911 rappellent avec force que la chaleur n’est pas une invention moderne. Si le dérèglement climatique actuel peut inquiéter à juste titre, nous ne devons pas oublier que les épisodes d’extrêmes chaleurs font partie intégrante de l’Histoire humaine.

Ceux qui nous ont précédés, bien avant les usines et les moteurs à explosion, ont souffert, parfois bien plus violemment encore que nous, des caprices du ciel et du soleil.

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2 réponses

  1. Quand j’interviens sur les réseaux sociaux à propos du changement/ réchauffement climatique et que je pose la question de savoir si on a les preuves qu’il soit uniquement ou principalement causé par les activités humaines, et que je cite les périodes de chaleurs excessives passées en l’absence de moteurs diesel et de centrales à charbon, j’ai droit à chaque fois au couplet: « il ne faut pas confondre météo et climat » ( ce que France 2TV fait allègrement tous les soirs au cours de son journal météo., mais passons!). Quand je mets en doute le rôle exclusif des activités humaines dans ce phénomène, et que je demande si l’on a chiffré les autres paramètres susceptibles d’avoir une influence significative, on me dit soit que les chiffres sont incontestables (quand ils vont dans le sens culpabilisant,), soit qu’on leur fait dire ce qu’on veut quand ils ne valident pas les théories des soi-disants climatoréalistes.
    Et comme j’adore les gratter là où ça démange, je demande si l’on a chiffré la chaleur dégagée par les climatisations qui tournent à fond dans les grandes villes surchauffées, dans les bâtiments publics, dans leurs véhicules (électriques), et dans les centres commerciaux climatisés où ils courent se mettre à l’abri de la canicule, et si l’on a chiffré la chaleur dégagée par les centrales nucléaires ( qui fournissent 90% du courant nécessaire) qui réchauffent les rivières ou directement l’atmosphère par les tours aéroréfrigérantes, et si l’on a fait une étude comparative des énergies utilisées dans le monde entre 1950 et 2025 quand on sait que la population mondiale a été multipliée par 4, passant de 2 milliards à 8 milliards en seulement 75 ans!
    Alors quand certains argumentent que l’utilisation des énergies fossiles provoquent le changement trop rapide du climat, je demande quel paramètre change trop rapidement?

  2. La substance de la question climatique est idéologique, la science n’en n’est que le badigeon.

    L’argument des canicules en est un bon exemple. Le très mal compris effet de serre a comme principale conséquence de réduire les écarts de températures. Difficile à chiffrer mais pour l’ordre de grandeur, on passerait d’un différentiel de 300K à un différentiel de 100K soit une réduction de 200K par effet de serre. Ordre de grandeur à comparer avec l’effet réchauffant estimé à une trentaine de K.

    Ce comportement peut s’expliquer succinctement par le fait que l’effet de serre agit par augmentation de la distance entre source chaude et froide du système thermodynamique de la planète.

    A la hache, la réduction de l’écart est 7 fois plus importante que le réchauffement. Corollaire, les températures maximales sont réduites d’environ 70 K par effet de serre.

    Pour ce qui est des canicules, elles devraient donc diminuer sous un renforcement de l’effet de serre. Si les canicules augmentent, le réchauffement mesuré ne peut pas avoir pour origine l’augmentation du taux de CO2.

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