
En matière de transition énergétique, politiques, médias, groupes de pression et institutions internationales ont souvent le plus grand mal à appréhender la réalité et les priorités. Il est plus facile de lancer de grandes croisades et de grands combats à l’efficacité douteuse et incertaine. L’anathème, le dérisoire et l’anecdotique sont devenus la règle. La meilleure démonstration de cela est fournie par le charbon. Il s’agit de l’énergie fossile qui émet le plus de gaz à effet de serre loin devant le pétrole et le gaz. Elle est aujourd’hui la principale source d’émissions de CO2 dans le monde provenant de l’énergie… En dépit de prévisions faites depuis des années par de nombreuses institutions annonçant le déclin inéluctable du charbon grâce aux renouvelables, sa consommation dans le monde ne fléchit pas… au contraire. Elle a battu des records l’an dernier et pourrait bien encore le faire cette année et en 2024. Et tout cela dans l’indifférence quasi-générale. Car avant d’atteindre le pic de consommation du pétrole, il faudrait peut-être atteindre celui du charbon.
La transition énergétique est un concept simple, du moins dans son principe. Il s’agit de remplacer les carburants fossiles par des sources d’énergies bas carbone. La première énergie fossile à disparaître, celle qui émet le plus de gaz à effet de serre, devrait être le charbon. Son déclin a d’ailleurs été annoncé régulièrement et depuis des années par une multitude d’institutions internationales. Les renouvelables et le gaz naturel devaient se substituer au charbon pour produire de l’électricité. Et c’est effectivement ce qu’il se passe… Sauf que la progression de la demande d’énergie dans le monde, et plus particulièrement en Asie, est bien plus rapide que la substitution du charbon par d’autres sources d’énergie.
Résultat, les faits ne correspondent pas aux modèles construits avec des hypothèses qui confondent les désirs et la réalité. La consommation de charbon dans le monde a augmenté de 3,3% à 8,3 milliards de tonnes l’an dernier, un nouveau record, et il sera vraisemblablement égalé et même battu cette année et en 2024. La consommation de charbon dans le monde ne baisse pas comme le reconnait le dernier rapport sur le charbon publié la semaine dernière par l’Agence internationale de l’énergie (AIE). L’investissement dans le charbon dans le monde devrait également augmenter de 10% cette année par rapport à 2022 à 150 milliards de dollars…
Consommation mondiale de charbon 2021-2023. En millions de tonnes. Chine, Inde, Etats-Unis, Union Européenne, reste du monde. Source Agence internationale de l’énergie.
L’AIE souligne que « la forte croissance en Asie [de l’utilisation du charbon] à la fois pour la production d’électricité et les applications industrielles surpasse le déclin en Europe et aux Etats-Unis ». L’Agence n’avait pourtant pas été la dernière à nous annoncer pendant des années le reflux de cette énergie… Elle ajoute « qu’en 2023 et 2024 les petits reculs de la production électrique avec du charbon ont de grandes chances d’être effacés par l’augmentation de l’utilisation industrielles du charbon,

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2 réponses
La première énergie fossile à disparaître, celle qui émet le plus de gaz à effet de serre, devrait être le charbon
Résultat, les faits ne correspondent pas aux modèles construits avec des hypothèses qui confondent les désirs et la réalité. La consommation de charbon dans le monde a augmenté de 3,3% à 8,3 milliards de tonnes l’an dernier
Heureusement, le CO2 n’ayant aucune conséquences, et on ne me fera par croire que les scientifiques chinois ne le savent pas, le climat ne souffrira pas de cette incohérence.
Prenons le temps en consommant gaz et charbons lignites pétroles et tourbes de réfléchir mieux à l’avenir de la planète!
Bien d’accord avec vous sur l’analyse, mais pas sur votre priorité concernant la disparition du charbon.
En effet, les derniers modèles de centrales thermiques au charbon, comme celles que nous venons de fermer de façon totalement irresponsable, sont équipés de toutes les derniers équipements techniques permettant de ne rejeter pratiquement plus aucun élément polluant (sauf le CO2 bien sûr, qui n’est pas un polluant!).
Si nous les utilisions, comme les Allemands pour la lignite (qui elle pollue), nous pourrions nous passer totalement des éoliennes et autres ENR.
Seul problème, la religion d’Etat prescrit, comme naguère un certain Lyssenko, le contraire.
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