
Après avoir été considéré, notamment en Europe et aux Etats-Unis, comme une énergie fossile dite de « transition », le gaz naturel fait aujourd’hui l’objet de publications critiques sur la réalité de ses émissions de gaz à effet de serre, surtout quand il est transformé en GNL (Gaz naturel liquéfié). Selon une étude récente de la Cornell University, le GNL pourrait même avoir une empreinte carbone supérieure à celle du charbon compte tenu du coût énergétique du processus de liquéfaction ! Au point que l’administration Biden vient d’imposer un moratoire sur le développement aux Etats-Unis de nouveaux terminaux de GNL.
Les conclusions de Cornell University sont contestées par d’autres chercheurs. Mais la controverse grandissante soulève un sérieux problème pour l’Europe. Pour remplacer le gaz russe livré par gazoducs, l’Union s’est convertie massivement au GNL provenant notamment des Etats-Unis et du Qatar.
Le Gaz naturel liquéfié (GNL) est devenu en deux ans la bouée de sauvetage énergétique de l’Europe pour remplacer le gaz russe victime de l’invasion de l’Ukraine et des sabotages des gazoducs NordStream 1 et NordStream 2. Au point que les investissements dans le monde pour construire de nouveaux équipements de production de GNL, au Qatar, aux Etats-Unis, en Australie, en Arabie Saoudite, aux Emirats arabes unis et à Oman… atteignent des niveaux records. Non seulement, il faut satisfaire les besoins grandissants de l’Asie, et plus particulièrement de la Chine, du Japon et de l’Inde, mais aussi maintenant ceux de l’Europe.
Un moratoire aux Etats-Unis sur les nouveaux projets de terminaux GNL
Ainsi, selon l’Institute for Energy Economics and Financial Analysis 64 millions de tonnes de capacités supplémentaires de liquéfaction annuelle seront mises en service dans les années à venir. D’ici 2027, le Qatar va faire passer sa capacité de production de 77 à 126 millions de tonnes de GNL, une augmentation de 64%. Les Etats-Unis doivent se doter rapidement de 38 millions de tonnes supplémentaires de capacités de production annuelle après avoir battu l’an dernier leur record d’exportations à 91 millions de tonnes.
Il n’y a pas de précédent à une telle rapidité dans l’histoire de l’industrie mondiale du gaz. Et dans le même temps, l’Europe va considérablement augmenter ses capacités de regazéification, de largement plus de 50 millions de tonnes par an d’ici 2027 d’après une étude du cabinet Wood Mackenzie.
La stratégie énergétique allemande et celle prônée et même imposée depuis des années par les institutions européennes a consisté à remplacer les centrales à charbon et même les centrales nucléaires, qui produisent pourtant l’électricité la plus décarbonée qui soit, par des renouvelables intermittents, éoliennes et solaires, et des centrales à gaz …
