(The Honest Broker du 1/8/24) (Traduction)
Une évaluation des résultats de l’Accord de Paris sur le climat de 2015
En 2015, les pays du monde entier se sont réunis à Paris lors de la 21e Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), où ils sont convenus de limiter l’augmentation de la température mondiale bien en dessous de 2 degrés Celsius d’ici 2100. Nous disposons désormais de 8 années de données sur les émissions mondiales suite à l’Accord de Paris « historique ».
Aujourd’hui, j’évalue les effets de l’Accord de Paris sur la décarbonation en comparant les taux de décarbonation des 8 années précédant l’Accord de Paris à ceux des 8 années suivantes, pour les 20 pays les plus émetteurs et pour le monde dans son ensemble. Cette évaluation vise à identifier une accélération des taux de décarbonation (c’est-à-dire une réduction du ratio émissions de dioxyde de carbone/PIB ).1Une telle accélération est nécessaire si le monde veut atteindre des objectifs ambitieux en matière d’émissions mondiales compatibles avec les objectifs de température de l’Accord de Paris.
Commençons par un chiffre clé : 8,1 % .
Il s’agit du taux annuel de décarbonation nécessaire à l’échelle mondiale pour parvenir à une réduction de 80 % des émissions mondiales de dioxyde de carbone d’ici 2050, en supposant un taux de croissance annuel du PIB mondial de 2,5 %.2
Examinons ensuite les taux de décarbonation avant et après Paris pour le monde et les 20 principaux émetteurs de dioxyde de carbone de 2023, qui représentent ensemble environ 81 % des émissions mondiales de 2023. Le tableau ci-dessous classe les pays en fonction des taux de décarbonation après Paris.
Voici quelques éléments à retenir de cette analyse :
Il n’y a eu pratiquement aucun changement dans la décarbonation mondiale entre les 8 années précédant et les 8 années suivant Paris ;
Le monde, avec un taux de décarbonation d’environ 2 %, est loin des 8,1 % impliqués par les objectifs de l’Accord de Paris, avec près d’un quart du temps de 2015 à 2050 désormais derrière nous (8 ans sur 35) ;
Aucun pays parmi les 20 premiers émetteurs ne s’approche du taux annuel de décarbonation de 8,1 % requis par l’Accord de Paris. Il faut noter que ce taux de 8,1 % augmente chaque année où le monde n’atteint pas le taux de décarbonation requis.
Le tableau ci-dessous présente les mêmes données classées selon le taux annuel de variation des taux de décarbonation d’avant à après Paris.
Quelques points à retenir :
Surprise ! En tête du classement se trouvent les Émirats Arabes Unis, qui ont accueilli la COP 2023 de la CCNUCC, au milieu des critiques dues à leur production de combustibles fossiles (à noter que les États-Unis produisent environ 5 fois plus de pétrole que les Émirats arabes unis). Cependant, aucun des 20 pays les plus émetteurs n’a amélioré son taux de décarbonation plus que les Émirats Arabes Unis au cours des 8 années qui ont suivi Paris.
Quatorze (en vert) des vingt premiers pays émetteurs ont amélioré leur taux de décarbonation après Paris, et six ne l’ont pas fait (en rouge).
Cependant, ces 14 pays en amélioration ont représenté 39,2 % des émissions mondiales de dioxyde de carbone en 2023, et les 6 pays dont le rythme de décarbonation a ralenti ont représenté 41,4 % des émissions mondiales. Cela explique pourquoi le rythme global de décarbonation à l’échelle mondiale est resté essentiellement inchangé. La Chine en particulier a connu un ralentissement important de sa décarbonation.
Les États-Unis n’ont pratiquement pas connu de changement et ont été battus non seulement par les Émirats Arabes Unis, mais aussi par l’Arabie Saoudite et l’Iran.
Les seuls grands émetteurs (> 2 % des émissions mondiales) parmi les 10 premiers à améliorer les taux de décarbonation sont le Japon et l’Inde.
En résumé : au niveau mondial, les données sur la décarbonation de 2006 à 2023 ne montrent aucun effet global de l’Accord de Paris. Au niveau national, 14 pays montrent des signes d’accélération du rythme de décarbonation, mais restent loin des taux requis pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris.
Cette analyse ne permet pas d’évaluer la causalité des changements dans les taux de décarbonation dans les différents pays. Les analyses futures chercheront à comprendre pourquoi les taux de décarbonisation changent au fil du temps et dans quelle mesure ils peuvent être influencés par les politiques.
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