Le photovoltaïque pire que l’éolien : Partie 2 : un désastre économique

RESUME

Dans cet article l’auteur étudie la rentabilité ou plutôt le coût pour la société des différentes formes de production photovoltaïque favorisées par le Gouvernement dans le cadre de la PPE (Programmation pluriannuelle de l’énergie).

Il démontre que la production d’électricité photovoltaïque est plombée par ses contradictions internes. Elle requiert des investissements surdimensionnés fonctionnels à 13.3% du fait de leur intermittence.

Le photovoltaïque diffus (sur les toits) est d’un coût exorbitant pour la collectivité.

Le photovoltaïque industriel, plus compétitif, mais néanmoins consommateur de subventions, requiert des surfaces plates de plusieurs milliers d’ha à déboiser qu’on ne trouve que dans les Landes, sans résoudre le problème de l’intermittence. Ces artificialisations gigantesques de régions boisées suscitent avec raison l’hostilité croissante des populations.

L’électricité photovoltaïque en France a-t-elle un avenir ? On peut fortement en douter.

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LA POUDRE AUX YEUX DES KILOWATT « CRETE »

Quand on parle d’électricité photovoltaïque on cite très rarement la quantité d’électricité réellement produite sur l’année (KWh ou MWh) mais on met en avant la puissance installée maximum. Pour la caractériser le gouvernement a inventé la notion de puissance « crète » exprimée en KWc ou en MWc. Or cette puissance crète n’est presque jamais atteinte sauf en juin à midi. En réalité la puissance délivrée sur l’année est en moyenne de 13.3 % de la puissance crète annoncée à comparer aux 25 % de l’éolien qui sont déjà rédhibitoires.

Ceci oblige à surdimensionner une installation au départ très couteuse. Premier gaspillage !

DES INVESTISSEMENTS HORS DE PRIX

Les très grosses usines photovoltaïques coûtent de 300 millions d’€ (CESTAS, 267 ha, près de Bordeaux) à

1 milliard d’€ (projet CAUTATS de 1000 ha).

Pour une installation de 500 m2 et 100 KWc (typiquement sur un hangar de ferme) il faut compter 18000 à 22000 €.

L’investissement pour une installation de 15 m2 (sur le toit d’une maison) avec une puissance maxi de 3 KWc (puissance crète) est de 7000 à 11000 € (source Ecoinfo énergies renouvelables).

Comme ces investissements ne peuvent en aucune manière se rentabiliser d’eux-mêmes à un tarif raisonnable le Gouvernement intervient à coups de réglementation « favorable », de priorité d’accès au réseau, de subventions, de taxes et de divers tours de passe-passe budgétaires.

UNE REMUNERATION GENEREUSE

Pour une installation privée de 15 m2 / 3KW de puissance « crète » produisant en moyenne 3200 KWh par an, le tarif de rachat en 2022 est de 178.9 € par MWh (source : ENGIE my power et tous les promoteurs de photovoltaïque) plus quelques bonus à l’installation en fonction des caractéristiques du lieu ou du caractère plus ou moins intégré dans le paysage de l’installation. Un vrai maquis (des dizaines de pages de décrets !) où personne ne se retrouve mis à part les fonctionnaires qui l’ont inventé et quelques promoteurs photovoltaïques peu scrupuleux.

Pour une grosse usine photovoltaïque de 300 MWc comme celle de CESTAS en Gironde le tarif de rachat fixé au démarrage de l’installation en 2015 est de 105 € par MWh.

Ces chiffres sont à comparer au prix auquel EDF est obligé par la réglementation UE de vendre 40 % de sa production à ses concurrents alternatifs qui pour la plupart ne produisent pas du tout d’électricité.

Ce prix est de 42 € par MWh.

EDF, LE PRODUCTEUR D’ELECTRICITE QUI REVEND MOINS CHER QU’IL ACHETE

Vous avez bien lu ! EDF achète à 179 € (petits producteurs privés) ou 105 € par MWh (grosse usine photovoltaïque de CESTAS) ou entre 75 et 85 € (moyenne 80 € pour producteurs photovoltaïques intermédiaires) et revend à 42 €. Même la vente aux particuliers titulaires du tarif réglementé (vous et moi) à ce tarif d’achat fait perdre de l’argent à EDF.

En effet votre tarif réglementé de 0.1084 € par kWh (108.4 € HT par MWH) comprend 34 % de frais d’acheminement, transformation et commercialisation, ce qui fait que le prix au départ de la centrale électrique EDF est de 71.12 € par MWh (source : facture EDF).

42 € – 179 € = – 137 € par MWh = perte sur photovoltaïque (petits producteurs) vendu à ses concurrents. EDF perd 76 % sur tout ce qu’il achète aux petits producteurs photovoltaïques et revend à ses gros concurrents !

71 € – 179 € = – 108 € par MWh = perte sur photovoltaïque (petits producteurs) vendu au particulier

71 € – 105 € = – 34 € par MWh = perte sur photovoltaïque (gros producteur type CESTAS) vendu au particulier

71 € – 80 € = – 9 € par MWh = perte sur photovoltaïque (producteurs intermédiaires) vendu au particulier

QUI PAYE ?

Bien entendu pour éviter qu’EDF soit immédiatement en faillite avec cette réglementation folle le Gouvernement a inventé une série de taxes qui s’ajoutent à votre facture d’électricité et de subventions qui s’ajoutent aux impôts et au déficit de l’Etat.

Ces taxes sont au nombre de 4 mais c’est l’accise sur l’électricité (qui remplace les taxes TICFE et CSPE) qui est le principal financeur du photovoltaïque.

On les retrouve grosso modo dans la loi de finance 2022 qui prévoit un budget de 8,4 Milliards d’€ pour ce qui s’appelle pudiquement le service public de l’énergie (source Daloz, budget de la France 2022).

DES DOMMAGES COLLATERAUX

A ces gaspillages de milliards d’€ il faut ajouter les dommages collatéraux, jamais évalués, dont sont victimes :

EDF qui doit investir dans de coûteuses centrales au gaz pour palier l’intermittence du photovoltaïque et de l’éolien,

RTE (Réseau de transport de l’électricité) qui doit ajouter une ribambelle de transformateurs et de lignes destinées à relier au consommateur toutes ces productions dispersées.

Tout le système de production électrique français qui est déstabilisé par l’imprévisibilité du photovoltaïque prioritaire. Par exemple quand un nuage passe sur CESTAS en été, perte immédiate d’une puissance de 300 MW à Bordeaux qui doit être compensée par le système.

Bien entendu tous ces surcoûts sont transférés au consommateur et au contribuable.

DES RETOMBEES IMAGINAIRES

La centrale de CESTAS présentée comme un projet très “français” utilise un million de panneaux photovoltaïques fabriqués en Chine, 3 800 boîtiers de jonction DC, 400 onduleurs 680 kVA et 200 transformateurs 1360 kVA assemblés et fabriqués en Espagne, 2 transformateurs 140 MVA, 5 000 kilomètres de câbles, 6.4 kilomètres de clôture, 204 000 vis de fondation et 16 544 tables (33 000 tonnes) fabriqués en Allemagne, le tout monté par des équipes hongroises (source Tecsol, débat de la CNDP et Sepanso33).

LES PERSPECTIVES DE LA PPE (PROGRAMMATION PLURIANNUELLE DE L’ENERGIE)

Pour continuer dans l’irrationnel et le gaspillage la fameuse PPE prévoit d’augmenter la capacité de production (capacité crète) photovoltaïque en France de 11,7 GWc en 2021 à 20 GWc en 2023 et 40 GWc en 2028 pour un coût avoué de 3 Milliards d’€ par an mais probablement beaucoup plus.

(Source ministère de la transition énergétique, PPE)

L’usine photovoltaïque de Cestas, crédit Tecsol

REMPLACER LE NUCLEAIRE PAR DU PHOTOVOLTAIQUE : UNE PLAISANTERIE

Quand on lit la PPE on comprend que le Gouvernement a l’ambition de remplacer l’électricité nucléaire par une production d’origine « renouvelable » dont environ 30 % de photovoltaïque. C’est écrit en toutes lettres dans la PPE sur le site du Ministère de la transition écologique :

La France s’est fixé l’objectif de ramener la part du nucléaire au sein du mix électrique à 50 % à l’horizon 2035, contre environ 71 % actuellement, ce qui signifie fermer 14 réacteurs nucléaires, dont 4 à 6 d’ici 2028 (y compris les 2 de Fessenheim en 2020).

On est en pleine « pensée magique ». Continuons la lecture :

Le solaire photovoltaïque sera proportionnellement plus développé dans de grandes centrales au sol qu’il ne l’est aujourd’hui, parce que c’est la filière la plus compétitive, en particulier comparé aux petits systèmes sur les toitures, et que de grands projets (>50 MW) se développeront progressivement sans subventions (VRAIMENT ? ndlr), venant modifier la taille moyenne des parcs à la hausse. Le Gouvernement veillera à ce que les projets respectent la biodiversité et les terres agricoles et forestières, en privilégiant l’utilisation de friches industrielles, de délaissés autoroutiers, de terrains militaires ou encore la solarisation de grandes toitures, qui deviendra progressivement obligatoire.

Dans ce paragraphe le Gouvernement n’a pas peur de se contredire lui-même car on ne peut pas à la fois privilégier les « grandes centrales au sol » type CESTAS ou SAUCATS qui ne sont de toute évidence pas écolo et les projets « qui respectent le biodiversité » qui ne peuvent fournir que des miettes, de l’aveu même des promoteurs photovoltaïques (source débat organisé par la CNDP).

L’EXEMPLE DE CESTAS

L’association Sepanso a fait le calcul. La centrale de Cestas (267 ha) produit en moyenne, chaque année, 350 GWh d’électrons dits “verts”, soit environ 5% de la production électrique d’un des 4 réacteurs du Blayais (6000 GWh par réacteur). Ce qui veut dire qu’il faudrait environ 5340 hectares de panneaux photovoltaïques aussi denses, pour produire annuellement autant d’électricité qu’un réacteur de 900 MW de Blaye.
Et encore ces 5340 ha produiraient de l’électricité quand ils en auraient envie !

L’EXEMPLE DE FESSENHEIM

Pour consoler les habitants de la région de Fessenheim de la perte de leur centrale nucléaire le Gouvernement a lancé un ambitieux plan de soutien au photovoltaïque local.

Deux ans après la fermeture, qu’en est-il ? Le total des projets photovoltaïques locaux enregistrés par 3 appels d’offres entre 2019 et 2022 est de 179 MWc (on retrouve le fameux MW crète) soit une production moyenne annuelle espérée de 208 000 MWh ou 1.9% de ce que produisait feu la centrale nucléaire (11 000 000 MWh).

La transition énergétique à Fessenheim est en bonne voie !

L’EXEMPLE ESPAGNOL

Après avoir imprudemment subventionné l’électricité solaire, le gouvernement espagnol, effrayé par le coût exorbitant pour les finances publiques, a réduit drastiquement les subventions, laissant sur la paille des milliers de petits investisseurs photovoltaïques endettés qui avaient cru à la poule aux œufs d’or.

CONCLUSION

La production d’électricité photovoltaïque est plombée par ses contradictions internes. Elle requiert des investissements surdimensionnés fonctionnels à 13.3% du fait de leur intermittence. Le photovoltaïque diffus (sur les toits) est d’un coût exorbitant pour la collectivité. Le photovoltaïque industriel, plus compétitif mais néanmoins consommateur de subventions, requiert des surfaces plates de plusieurs milliers d’ha à déboiser qu’on ne trouve que dans les Landes, sans résoudre le problème de l’intermittence. Ces artificialisations gigantesques de régions boisées suscitent avec raison l’hostilité croissante des populations.

L’électricité photovoltaïque en France a-t-elle un avenir ? On peut fortement en douter.

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2 réponses

  1. Belle démonstration qui réaffirme que le caractère anti nucléaire de la PPE conduit à une transition énergétique qui est un non sens économique et écologique !
    Malgré la faillite de plus en plus évidente de l’Allemagne et des pays qui ont suivi son modèle, le gouvernement français s’entête pour des raisons électorales (?) au lieu de faire redémarrer une filière industrielle d’excellence : le nucléaire PWR et Astrid …

  2. J’ai apprécié votre article, bien documenté. Mais avec notre tout prochain premier ministre qui sera en charge de l’écologie, j’ai bien peur que vous ne soyez pas entendu.
    J’ai cependant des remarques: on ne peut pas condamner un produit pour la raison que la politique de prix qui la sous-tend n’est pas adaptée. En effet les tarifs de rachat par EDF sont exorbitants, mais rien n’empêche de penser que le photovoltaïque survivrait avec des tarifs de rachat inférieurs, en fonction de la baisse des prix des équipements.
    Si je prends mon exemple personnel, disposant d’un toit pouvant accueillir 13 m2, je peux envisager d’investir de l’ordre de 10 000 € qui me permettront de produire 3 200 Kwh en suivant votre barème. Ma conso annuelle étant de 6 500 Kwh, avec un coût d’achat du Kwh auprès d’EDF de 0.19 € taxes et accises comprises, mon gain annuel serait de 627 €, soit un retour sur 16 ans, un peu long quand même : mais le coût de l’investissement sera amené à diminuer, de même que l’inévitable augmentation du prix du Kwh vendu au particuliers. Dans cet exemple, je prends pour hypothèse qu’EDF ne me reverserait rien.

    La vente par EDF aux opérateurs concurrents est un non-sens, mais cela n’a que peu de rapport avec le problème du photovoltaïque.

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