Projet Xlinks: le plus long câble sous-marin du monde, devant relier le Maroc au Royaume-uni

Ou comment produire le kWh le plus cher du monde

(Article de Safae Hadri initialement publié dans le 360 le 22/04/2022)

Des nouvelles du projet Xlinks, qui ambitionne de fournir au Royaume-Uni de l’électricité verte produite et stockée au Maroc, grâce à l’installation d’un gigantesque parc solaire et éolien dans la région de Guelmim-Oued Noun.

En effet, le fabricant de câble anglais XLCC s’apprête à construire une usine à Hunterston, en Ecosse, et sa première production sera destinée au projet Xlinks Morocco-UK, apprend-on auprès du média américain spécialisé en énergie durable Elektrek.

XLCC fournira ainsi quatre câbles sous-marins de 3.800 km. La pose du premier câble devra se faire dès 2025 pour une mise en ligne en 2027, les trois autres câbles devraient être lancés en 2029. La première phase du projet prévue entre 2025 et 2027 permettra de relier l’énergie éolienne et solaire produite au Maroc à Alverdiscott, dans le nord du Devon, au sud-ouest de l’Angleterre.

Cette initiative va presque doubler la production mondiale actuelle de fabrication de câbles HVDC. Les câbles sous-marins les plus longs du monde auront ainsi besoin de 90.000 tonnes métriques d’acier, précise Elektrek.

La conception du navire câblier qui devra servir dans la pose, le relevage et l’entretien des câbles sous-marins pour le transport futur de l’énergie électrique entre le Maroc et le Royaume-Uni a également été achevée.

En collaboration avec Salt Ship Design, l’équipe de XLCC travaille sur la sélection d’un chantier adéquat pour la construction du navire, la procédure d’appel d’offres est déjà lancée, l’objectif étant de sélectionner le chantier retenu d’ici la fin du deuxième trimestre 2022, fait savoir XLCC.

La start-up britannique Xlinks qui s’apprête à construire une centrale solaire de plus de 10 GW dans le sud marocain a déjà reçu l’engagement du Maroc à mettre à sa disposition une réserve foncière de 150.000 hectares pour accueillir la ferme solaire photovoltaïque, les éoliennes ainsi que la batterie de 5 GW destinée au stockage de l’énergie produite sur le site.

Le projet Xlinks est présenté par ses concepteurs «comme une nouvelle installation de production d’électricité entièrement alimentée par l’énergie solaire et éolienne, combinée à une installation de stockage de batteries. Situé dans la région marocaine riche en énergies renouvelables de Guelmim-Oued Noun, il couvrira une superficie d’environ 1.500 km2 et sera connecté exclusivement à la Grande-Bretagne via des câbles sous-marins HVDC de 3.800 km».

A en croire les projections de Xlinks, ce projet qui devrait mobiliser un investissement global de 22 milliards de dollars générera 10,5 GW d’électricité zéro carbone à partir du soleil et du vent pour fournir 3,6 GW d’énergie fiable pendant plus de 20 heures en moyenne par jour.

Cette production permettra d’alimenter plus de 7 millions de foyers britanniques d’ici 2030. Une fois terminé, le projet sera capable de fournir 8% des besoins en électricité de la Grande-Bretagne.

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NDLR : on admet généralement que les pertes en ligne sont de 50% tous les 1500 km : il restera quand même encore quelques kiloWatts à l’arrivée en Angleterre, le reste ayant servi à réchauffer l’atlantique.

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3 réponses

  1. 3,6 GW garantis c’est pas mal, mais :

    Fessenheim c’était 1,8 GW (1 760 MW).
    Moins de câbles, moins de pertes en ligne.
    Moins d’occupation des sols.
    Quid du recyclage des 1500km2 de panneaux solaires ?

    1. C’est bien le problème du recyclage des panneaux solaires, en Europe comme au Maroc…
      Les panneaux solaires usés présentent un problème de retraitement coûteux et non totalement résolu, malgré les efforts que fait l’Allemagne dans le domaine mais qui n’ont pas encore abouti. Les métaux lourds toxiques devront être extraits à grand frais (cadmium, tellure, sélénium, indium, gallium, terres rares –dont l’extraction est déjà un désastre environnemental –, on parle de bains de dissolution pour récupérer certains éléments, bref une usine à gaz), et les déchets résiduels (car économiquement il y en aura) devront être stockés de façon durable et sûre comme les déchets radioactifs à vie longue. Le coût élevé du retraitement des panneaux solaires n’est jamais pris en compte dans les comparaisons économiques, signe flagrant de malhonnêteté de leurs promoteurs (qui ont fait autrefois le même reproche aux promoteurs du nucléaire quant à leurs déchets!). Quant aux pays pauvres à qui on interdit de se développer comme tout le monde à cause du sacro-saint CO2, n’ayant pas les moyens de retraiter les déchets, ils pourront opportunément se transformer en immenses parcs à déchets de panneaux usés, avec à la clé une pollution définitive des nappes phréatiques, les métaux lourds ayant la malencontreuse idée de ne pas avoir de décroissance radioactive. L’Afrique par exemple n’avait pas besoin de ça, en particulier le Sahel qui survit en puisant dans ses nappes phréatiques.
      Le CEA conduit des recherches pour proposer des panneaux de meilleur rendement et de composition moins polluante, mais on s’engage massivement sans attendre.
      Dans la réglementation actuelle, seule la collecte des panneaux usés après 20 ans est demandée aux distributeurs, mais rien n’est prévu ensuite quant aux déchets engendrés. Il est hélas probable que les revendeurs renonceront au retraitement et au recyclage bien trop chers comparés au coût des panneaux neufs. Se constitueront alors des entreposages de surface régionaux de panneaux usés, une nouvelle curiosité touristique pour les générations futures…Pour l’Afrique n’en parlons pas !
      Les plus prompts à s’emballer ont-ils l’honnêteté d’y songer?

  2. C’est absurde alors que l’Afrique manque tant d’électricité. Cet argent serait plus utile pour aider les pays en voie de développement à utiliser leurs ressources naturelles et améliorer les conditions de vie de leurs populations.

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