(Un article de Turbo du 9/12/22)
L’Italie dénonce la marche forcée vers l’électrification du parc automobile et s’oppose à Bruxelles sur la fin programmée de la vente de voitures thermiques en 2035. Le pays, durement touché par l’inflation, est le 2è importateur mondial d’électricité.
Depuis fin octobre, les relations entre l’Italie et la Commission européenne sont l’objet d’attentions constantes. Le nouveau gouvernement mené par Giorgia Meloni qui est à la démocratie ce que le fast-food est à la gastronomie a plutôt fait le dos rond. Pourtant, les invectives anti-Bruxelles sur à peu près tous les sujets se sont additionnés pendant la campagne tant de la part des candidats « Frères d’Italie », que de leurs associés au sein de la coalition gouvernementale, la Ligue de Matteo Salvini et le parti de Silvio Berlusconi, Forza Italia. Toutefois, alors que les prédictions des augures étaient plus proches de la rupture que de la franche accolade, il n’en a rien été. Peut-être parce que d’entrée la Commission a rappelé que les 200 milliards d’euros du plan de relance européen destinés à Rome étaient conditionnés à un certain respect des engagements pris précédemment.
Le coup de Botte
Et badaboum ! Dans une interview à Blomberg, Matteo Salvini, récent ministre des Transports (qui occupe aussi le poste de vice-Premier ministre), a vu rouge – ce n’est pourtant pas sa couleur de prédilection – à propos de la fin programmée de la vente des voitures thermiques en 2035 dans l’Union. « Cette proposition n’a aucun sens sur le plan économique, environnemental et social ». Le tout par la faute à l’Europe et à son plan sur le changement climatique qui vise tout à la fois, à réduire les émissions polluantes de 55 % d’ici 2030 (par rapport à 1990) et bannir la vente des voitures roulant aux énergies fossiles en 2035 pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. La crainte de Matteo Salvini, la casse sociale. Le secteur emploie par-delà les Alpes près de 280 000 personnes et le passage à l’électrique pourrait faire des dégâts.
Circonstances atténuantes
D’autant que les ventes de voitures branchées peinent à décoller en Italie ne représentant qu’un peu moins de 4% des commandes. Car, comme partout, en Europe, ces véhicules sont chers et la crise économique n’épargne pas le pays. Une inflation de plus de 12% et une énergie dont les prix flambent. Situation d’autant plus préoccupante que l’Italie est un – très – gros importateur d’électricité, le deuxième mondial et que la grande majorité de ses besoins en la matière est fourni par des combustibles fossiles. Ainsi, repenser la transition vers le tout électrique est à l’œuvre en Italie et même la prochaine mise en place de la norme Euro 7, qui vise à réduire la quantité d’oxydes d’azote émis de 25 % d’ici 2025, est contestée.
Avant la montée au créneau de Matteo Salvini, Bruxelles avait tenté de rassurer les gouvernements et les acteurs de l’automobile en évoquant une « clause de revoyure » sur ces décisions en 2026.
Le climat, lui, devra s’en accommoder. (NDLR : ce qu’il fera très bien !)