15 milliards d’euros de pertes : la filière éolienne explose !

(Par Fabien Bouglé dans Factuel le 3/11/23)

Il y a 4 mois, nous prédisions la prochaine déflagration de la filière éolienne mondiale, les 4 principaux fabricants d’éoliennes européens et américains connaissant alors des difficultés structurelles systémiques insolubles. Cette alerte faisait suite à la chute boursière de Siemens Energy, qui, après un avertissement sur résultat le 22 juin 2023, avait connu le lendemain une chute en bourse de 37%, soit une perte de capitalisation de 7 milliards d’euros en une seule journée.

Depuis lors la situation financière des 4 principaux fabricants occidentaux d’éoliennes – Nordex, Siemens Energy, Vestas et General Electric – n’a fait que s’aggraver, avec chaque semaine des annonces terribles de résultats en perte ou des problèmes de chaîne d’approvisionnement dans un contexte d’augmentation des taux d’intérêt qui perturbe très fortement la rentabilité dans son ensemble de la filière éolienne mondiale. Pour couronner le tout, celle-ci est fortement concurrencée par la filière éolienne chinoise, qui attend patiemment son heure, comme cela a été fait dans le secteur des panneaux solaires que la Chine avait ces dernières années totalement reprises en main.

Mais à l’heure d’annoncer ces pertes records pour 2023, Siemens Energy devait à nouveau alerter, le 26 octobre 2023, les investisseurs que l’entreprise allemande était dans la nécessité de demander le soutien de l’État, afin qu’il puisse garantir à hauteur de 16 milliards d’euros les lignes de crédit nécessaire pour lutter contre ses énormes difficultés financières. L’entreprise devait connaitre en 2023 des pertes financières évaluées à 4,5 milliards d’euros. Ce jour-là, l’action devait dévisser à nouveau de 35%, soit une perte de valeur de 3 milliards. Le cours de bourse du fabricant d’éoliennes allemandes est donc passé, depuis janvier 2021, de 33 à 7 euros en octobre 2023, soit une perte de valeur de 80%.

Graphique.
Graphique. GOOGLE

Quelques jours plus tard, le 1er novembre, c’est au tour de l’exploitant d’éoliennes danois Ørsted de dévisser de 26 %, après avoir annoncé l’annulation de la construction de deux centrales éoliennes en mer, au large des États-Unis et envisager une dépréciation de 4 milliards de dollars au titre de l’exercice 2023.

Si l’attention se porte en particulier sur Siemens Energy et Ørsted, c’est que ce sont deux géants de la filière éolienne qui représentent la face visible du Titanic éolien mondial en train de couler sous nos yeux. Aussi, en reprenant les chiffres officiels des principaux fabricants d’éoliennes, il est possible de faire le bilan suivant de leurs pertes cumulées :

L’incroyable paradoxe est que ce contexte d’implosion de la filière éolienne mondiale s’inscrit dans une période de croissance des constructeurs éoliennes, qui voient leurs carnets de commandes progresser, avec une augmentation notable de leur chiffre d’affaires, en raison des politiques très volontaristes des pays voulant développer une politique énergétique basée sur les énergies intermittentes couplées aux énergies fossiles.

Que penser objectivement d’une filière économique qui augmente fortement ses pertes lorsqu’elle développe son chiffre d’affaires ? Les esprits les plus rationnels penseraient immédiatement que c’est une filière vouée à la faillite. Et c’est bien dans cette logique que les marchés financiers – qui sont très clairement anticipateurs de l’économie réelle – traduisent dans les cours les difficultés désastreuses de la filière éolienne à terme.

Et c’est bien dans ce contexte terrible pour la filière éolienne que l’ensemble des entreprises du secteurs connaissent des chutes boursières spectaculaires depuis 2021, à telle enseigne que l’on peut désormais parler d’un véritable krach boursier des énergies renouvelables.

Baisse du cours de bourse depuis janvier 2021 

Vestas : –  50%

Nordex : – 57%

Siemens Energy : – 80%

Ørsted : – 82%

Neoen (exploitant français) : – 58%

Voltalia (exploitant français/famille Mulliez) : – 67%

Ces baisses considérables de quelques actions représentatives de la filière éolienne mondiale sont révélatrices des perspectives particulièrement sombres que vont connaître les investisseurs dans les domaines des énergies renouvelables intermittentes. Elles restent cependant logiques, compte tenu du business modèle de ce secteur d’activité. En effet, il ne faut surtout pas oublier que la croissance financière des entreprises du secteur des énergies renouvelables intermittentes est essentiellement due aux subventions absolument gigantesques qu’ont consacré les états occidentaux dans ce domaine. La fortune des acteurs de la filière éoliennes s’est faite essentiellement par l’argent des contribuables, et les investisseurs sont en train d’en prendre conscience.

Rien qu’en Allemagne la cour fédérale des comptes rapportait un chiffre de 520 milliards d’euros. Et pourtant, malgré ses milliards dilapidés pour un résultat particulièrement médiocre, les éoliennes ne sont pas parvenues à la maturité, au point qu’il faut encore et encore demander des subventions publiques ou des garanties aux États pour assurer la survie financière de ce secteur d’activité. Sans compter que, malgré les 30.000 éoliennes installées en Allemagne, le pays continue à émettre 15 fois plus de gaz à effet de serre que la France, sans réelle baisse notable de ses émissions conduisant le pays à être le mauvais élève en Europe pour sa politique climatique.

Après avoir quémandé depuis des années – sous prétexte de transition énergétique – des avantages juridiques, financiers et fiscaux, la filière éolienne a fait la preuve tangible de son inefficience, tant en terme de rentabilité qu’un terme d’impacts sur les enjeux climatiques. Il est l’heure de sonner la fin de la partie en arrêtant cette gabegie financière, et en envisageant désormais une grande réinitialisation de la filière énergétique européenne par un abandon rapide de la filière éolienne, qui est très clairement sans avenir. L’Europe et la France doivent à présent se consacrer à une filière qui a fait ses preuves en matière d’indépendance énergétique, de faible coût sur le long terme, de faible pollution et de décarbonation : le nucléaire.

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