La transition énergétique, imposée par l’Allemagne avec la complicité des institutions européennes comme une voie vers un avenir sans énergies fossiles, est aujourd’hui confrontée à une crise de confiance parmi les investisseurs. Plusieurs événements récents mettent en lumière ce scepticisme croissant, soulignant les limites des énergies renouvelables et l’importance cruciale des énergies fossiles dans notre société contemporaine.
Mais Emmanuel Macron fait semblant de ne pas le savoir.
Ce 5 décembre, un appel d’offres pour le plus grand projet éolien en mer au Danemark ( 3 GW soit le double du réacteur EPR de Flamanville) n’a attiré aucune soumission. Prétendant construire l’équivalent de deux réacteurs nucléaires, Lars Aagaard, ministre du Climat, de l’Énergie et des Services publics, a commenté cet échec, qualifiant les résultats de « décevants ».
Ce manque d’intérêt révèle les préoccupations croissantes concernant la rentabilité économique de ces projets. Les coûts élevés et l’absence de subsides dissuadent les investisseurs, autrefois enthousiastes à l’idée de participer à cette révolution énergétique.
Cela démontre le mensonge qui dure depuis longtemps des écologistes qui continuent de prétendre que les énergies renouvelables sont bon marché.
Dans un contexte similaire, Shell a décidé de ne plus investir dans l’éolien en mer, estimant que ce secteur ne sera jamais rentable. Bien que la société laisse entendre qu’elle pourrait revenir si les conditions économiques s’améliorent, cette prudence traduit une méfiance envers les perspectives économiques des énergies renouvelables. Se sachant sous surveillance étroite des activistes environnementaux — encore plus après le jugement de la Cour de La Haye qui a débouté les activistes réclamant que Shell réduise ses émissions du montant qu’ils avaient eux-mêmes décidé — Shell mesure ses propos.
Par ailleurs, une banque d’affaires londonienne m’a signalé que les investisseurs ont abandonné les projets liés à l’hydrogène ; ils ont compris l’utopie hydrogène que l’Allemagne et madame Ursula von der Leyen ont voulu imposer. Ce désintérêt reflète une prise de conscience salutaire face à l’impossibilité de concurrencer la production d’hydrogène à grande échelle à partir de gaz naturel.
Dans ce contexte, l’annonce également la semaine dernière de la fusion entre Shell UK et Equinor UK pour exploiter les hydrocarbures en mer du Nord apparaît comme une stratégie logique. En unissant leurs forces, ces entreprises maximisent l’exploitation rentable des ressources fossiles, soulignant ainsi la priorité donnée à ces sources d’énergie traditionnelles face aux incertitudes entourant la transition énergétique.
Tout cela remet en question la politique énergétique européenne du Pacte Vert, jugée irréaliste.
Elle est ridiculisée pour ses solutions technologiques coûteuses et inutiles au regard des développements géopolitiques mondiaux. Les prochains abandons seront les réminiscences des carburants de synthèse déjà abandonnés en 1945 et 1990 (2) et l’invraisemblable capture et stockage du CO2.
Il n’y a pas de phénix des énergies fossiles
Enfin, la nomination par Donald Trump de Chris Wright, un expert reconnu en fracturation hydraulique moderne, au poste de secrétaire à l’énergie, pourrait bien marquer un tournant décisif. Cette décision est un signal fort en faveur du développement accru des énergies fossiles aux États-Unis. Elle va encourager d’autres pays à suivre cette voie, renforçant ainsi la place centrale des hydrocarbures dans le paysage énergétique mondial.
Contrairement au phénix qui renaît de ses cendres, les énergies fossiles ne le font pas, car elles n’étaient jamais mortes. Elles continuent d’occuper une place prépondérante dans nos sociétés, malgré les efforts déployés pour promouvoir les sources renouvelables.
Les déceptions des activistes de la COP 29 confirment cette tendance : alors que les discours prônent le changement, les actions sur le terrain montrent une réalité bien différente.
En même temps que tombaient toutes ces nouvelles, y compris selon le quotidien économique belge L’Écho pour qui les avocats d’affaires prévoient une vague de licenciements massifs en 2025 en Belgique, le Premier ministre De Croo répondait poliment à Ursula von der Leyen sur X alors qu’elle répétait pour la énième fois qu’il faut développer l’industrie de l’UE. Poliment, mais naïvement :
«Une action à court terme est nécessaire de toute urgence à l’échelle de l’UE. La @EU_Commission doit agir pour ancrer notre base industrielle compétitive. Le mandat de votre équipe @vonderleyen nouvellement nommée arrive au bon moment pour nos économies . »
Vraiment ? Pour continuer la destruction puisqu’il n’est toujours pas question d’abandonner le pacte vert.
Scholz et Macron dans le déni
On connaît les déboires de l’industrie automobile européenne. En Allemagne, plongée dans une crise profonde, les mauvaises nouvelles s’accumulent. Des usines automobiles ferment et licencient. Deutsche Bank envisage de supprimer 3500 emplois. Le pays qui a cru aveuglément, idéologiquement, à la transition énergétique qu’ils appellent « EnergieWende », au point de fermer des centrales nucléaires efficientes, est confronté à un risque de faillite du géant historique de la sidérurgie ThyssenKrupp. Ce dernier soufre depuis plusieurs mois de coûts énergétiques trop élevés. Fin novembre, l’entreprise avait annoncé que 11 000 emplois allaient être supprimés ou externalisés dans sa branche acier.
Pour sauver le géant allemand, le chancelier Olaf Scholz vient d’évoquer un plan de sauvetage, sans exclure même une participation de l’État. Il s’agit non seulement de sauver le géant, mais aussi de tenter de ne pas être humilié lors des prochaines élections législatives de février. Le gouvernement en est réduit à injecter de l’argent public dans l’industrie après en avoir distribué pour imposer les énergies renouvelables et avoir fermé les centrales nucléaires au nom de l’EnergieWende.
La politique verte est comme un boomerang : lancée, elle vous revient en pleine figure. Il serait temps que les politiques osent enfin parler. Ils n’ignorent pas que ces événements récents illustrent une perte de confiance manifeste dans la transition énergétique.
Les investisseurs l’ont compris ; ils ne communiquent pas très ouvertement, mais ils agissent. On attend que les politiques communiquent et agissent. Il est temps d’abandonner cette transition énergétique utopique et de reconnaître la réalité persistante et incontournable des énergies fossiles, mais aussi de l’électricité nucléaire. Et partant, la croissance inexorable des émissions mondiales de CO2.
Le net zéro doit être immédiatement abandonné sous peine de marginalisation de l’UE dans le monde et de et sa conséquente désindustrialisation avec son cortège de pertes d’emplois et de casses sociales.
Emmanuel Macron ne semble pas avoir compris la situation puisque, dans son intervention après la chute du gouvernement Barnier, sans prononcer le mot « énergie » — puisque les Français sont inquiets quant à l’augmentation du prix de l’électricité —, il a évoqué deux fois la crise climatique. Qui va lui dire que la COP29 (voir Atlantico du 29 novembre) a montré qu’à part l’UE, plus personne ne croit à la réduction des émissions mondiales de CO2 ?
Samuel Furfari
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Dernier livre : « Énergie, mensonges d’état. La destruction organisée de la compétitivité de l’UE » | L’artilleur
2 réponses
La Belgique qui construit la première île artificielle d’énergies renouvelable (île Princesse Élisabeth) a vu le coût initial (2,2 milliards d’euros) passer à 7 milliards. Quel investisseur privé accepterait ce type d’évolution, seul les États (avec l’argent du con tribuable) peuvent se permettre ce genre de pratique.
https://www.euractiv.fr/section/energie-climat/news/en-mer-du-nord-une-ile-energetique-belge-confrontee-a-une-explosion-des-couts/
L’ ile Princesse Elisabeth contient 10 secondes de la consommation d’énergie électrique de la Belgique .