Gouvernement Bayrou : mais où est passé le climat ?

(Novethic le 23/12/24)

… qui s’en désespère

A prime abord on pourrait croire que rien n’a changé dans le gouvernement Bayrou pour Agnès Pannier-Runacher qui reste à son poste. Mais le diable se cache dans les détails. La ministre de la Transition écologique perd l’énergie, qui repart à Bercy. Quant au climat, le terme a disparu de son titre.

C’est fait. Le Premier ministre François Bayrou a enfin dévoilé la liste de son nouveau gouvernement, avec quelques jours de retard sur le calendrier initial. 35 ministres ont été nommés, dont quatre ministres d’Etat. Parmi les têtes d’affiche, l’ancienne Première ministre Elisabeth Borne, numéro 2 du gouvernement devient ministre de l’Education quand Bruno Retailleau reste au ministère de l’Intérieur et Gérald Darmanin récupère le ministère de la Justice. 

« Je suis très fier de l’équipe présentée. Un collectif d’expérience pour réconcilier et renouer la confiance avec les Français », 

a déclaré sur le réseau social X, François Bayrou.

Côté écologie, à prime abord, on pourrait croire que rien ne change. Agnès Pannier-Runacher (en photo), jusqu’ici « ministre de la Transition écologique, de l’Energie, du Climat et de la prévention des risques », sous le gouvernement Barnier, sera toujours en charge de l’environnement. Mais le diable se cache dans les détails. Car l’intitulé de son portefeuille a considérablement changé. Cette fidèle d’Emmanuel Macron récupère le ministère de « la Transition écologique, de la Biodiversité, de la Forêt, de la Mer, et de la Pêche ». Le terme climat a disparu non seulement de son portefeuille, mais il n’apparaît pas une seule fois dans l’ensemble des titres des ministres de ce nouveau gouvernement.

« Le changement climatique a quitté le gouvernement »

« C’est un message inquiétant. Le changement climatique a quitté le gouvernement. Les noms des portefeuilles envoient des messages politiques. Le ministère de la Transition écologique est désormais réduit à la biodiversité. C’est un recul », 

exprime à Novethic Arnaud Gossement, avocat en droit de l’environnement. Au ministère de la Transition écologique, on conteste une telle lecture. 

« Je vous confirme que le climat reste dans son portefeuille », précise-t-on.

Mais au-delà de l’aspect sémantique, Agnès Pannier-Runacher perd son quasi super-ministère. Comme sous le gouvernement Attal, l’Energie est rapatriée à Bercy sous l’égide du nouveau ministre de l’Economie Eric Lombard. L’ancien directeur général de la Caisse des dépôts (dont Novethic est une filiale) hérite en effet du titre de « ministre de l’Economie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique » avec cinq ministres délégués dont Marc Ferracci, ministre chargé de l’Industrie et de l’énergie.

Le ministre de la Transition écologique n’aura donc pas la main sur la politique énergétique de la France. 

« L’exécutif voit-il l’énergie comme un élément essentiel de la transition écologique, sous les aspects à la fois de production d’énergie décarbonée et de sobriété ? Ou alors comme un simple sujet industriel ? Son récent rattachement à Bercy fait pencher vers la seconde option », 

écrit sur LinkedIn l’experte des enjeux environnementaux et politiques publiques associées, Marine Braud.

Une « vision très XXème siècle de l’environnement »

Autre point à noter : le logement et les transports, pourtant points cruciaux de la transition écologique, sont sous l’égide du ministre de l’Aménagement du territoire et de la décentralisation, François Rebsamen. 

« Alors qu’ils avaient été majoritairement inclus dans un seul ministère à partir de Jean-Louis Borloo, les secteurs essentiels de la transition sont désormais (durablement ?) sortis du périmètre du ministère de la transition écologique », 

note ainsi Marine Braud pour qui ce « nouveau » ministère de la Transition écologique 

« inspire une vision très XXème siècle de l’environnement ». A savoir, « la préservation de grands espaces et de secteurs qui en vivent, mais sans inclure les secteurs économiques qui les impactent, au premier rang desquels l’énergie, les transports et le logement ».

Le Premier ministre reste en tout cas officiellement chargé de la planification écologique et énergétique, comme l’indique le communiqué de l’Elysée. Pas de quoi rassurer les associations environnementales. 

« Cela ne peut pas être une réelle priorité avec un ministère de la transition écologique qui rétrograde de trois places au sein du gouvernement »,

remarque auprès de Novethic Anne Bringault, du Réseau Action climat.

« Il est pourtant urgent d’acter la feuille de route climat-énergie de la France et de mettre les finances publiques en cohérences avec les nouveaux objectifs », ajoute-t-elle. ■

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3 réponses

  1. Le climat se débrouillera tout seul, il n’a nul besoin de l’argent du contribuable français. Mieux vaut réserver nos subventions à la réindustrialisation et au nucléaire. La Nullacher devra se contenter de surveiller la reproduction des salamandres et des anguilles.

  2. Personnellement, je n’ai pas une grande estime pour la ministre de la transition écologique. Plus son ministère sera rabougri, mieux la France se portera ! Les VRAIS scientifiques du climat ont toujours dénoncé ses théories qui ne reposent sur aucune donnée scientifique. Quand APR (et pas EPR) nous expliquera l’influence des éruptions solaires sur le climat sur terre, je commencerai à l’écouter !!!

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