Nous publions ici la traduction d’un article de Francis Menton initialement publié dans Manhattan Contrarian du 2 Avril 2022.
Avec la crise du coût de l’énergie qui frappe désormais l’Europe et, dans une moindre mesure, les États-Unis, certaines fissures ont commencé à apparaître dans les rêves utopiques de “net zéro” poursuivis presque universellement par les politiciens occidentaux.
Néanmoins, à l’heure où nous écrivons ces lignes, l’élimination rapide de l’utilisation des combustibles fossiles, soi-disant pour lutter contre le “changement climatique”, reste une politique gouvernementale officielle dans toute l’Europe, au niveau fédéral aux États-Unis, dans la plupart des États américains bleus, ainsi qu’au Canada, en Australie et en Nouvelle-Zélande.
Ici, aux États-Unis, bien que le président Biden ait ordonné quelques mesures temporaires, comme le déblocage d’une partie du pétrole des réserves stratégiques du pays, l’ensemble de la bureaucratie fédérale reste sous les ordres du sommet pour forcer la réduction de la production et de l’utilisation des combustibles fossiles de toutes les manières possibles.
Pendant ce temps, des États comme New York et la Californie ont des échéances légales qui approchent rapidement pour fermer toutes les centrales électriques à combustibles fossiles, interdire toutes les voitures autres qu’électriques, interdire le gaz naturel pour le chauffage et la cuisine, et bouleverser rapidement le siècle dernier de progrès énergétique qui a rendu nos vies abordables et agréables.
Nous sommes censés croire que les politiques officielles de suppression des combustibles fossiles vont mettre fin au “changement climatique” et “sauver la planète” grâce au mécanisme de réduction globale rapide des émissions de CO2 et d’autres “gaz à effet de serre”. Le sauvetage du climat de la planète justifiera nos sacrifices sous la forme d’une hausse des prix de l’énergie, d’une augmentation des taxes pour soutenir les subventions aux énergies renouvelables et de restrictions du mode de vie.
Mais en fait, ce récit n’est qu’une foutaise. En Occident, plus de vingt ans et des milliers de milliards de dollars de subventions aux programmes d'”énergie verte” n’ont permis de réduire que marginalement la part de la consommation finale d’énergie provenant des combustibles fossiles.
Pendant ce temps, dans le reste du monde, l’utilisation des combustibles fossiles continue de grimper en flèche. En tête, la Chine, qui a profité des deux dernières années de distraction de Covid pour faire bondir ses émissions vers de nouveaux records. Dans l’ensemble, l’obsession occidentale de réduire les émissions, malgré des coûts énormes, n’a pas d’impact même perceptible.
Deux rapports publiés récemment brossent le tableau d’un monde réel où l’utilisation des combustibles fossiles et les émissions de CO2 ne cessent d’augmenter (malgré une légère baisse induite par Covid en 2020). En mars, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) des Nations unies a publié son rapport annuel Global Energy Review : Émissions de CO2 en 2021. Par ailleurs, la Global Warming Policy Foundation a publié son document d’information 58 intitulé “China’s Energy Dream“, rédigé par Patricia Adams. (Divulgation complète : je suis le président des Amis américains de la GWPF). Ces deux rapports soulignent l’absurdité totale de la folie actuelle de l’Occident en matière d’énergie verte.
Commençons par l’AIE. Bien que cela doive les peiner grandement en tant que bons fonctionnaires de l’ONU qu’ils sont, l’AIE nous donne des informations directes sur l’augmentation continue des émissions mondiales de CO2, malgré les efforts acharnés des nations occidentales pour inverser la tendance :
Les émissions mondiales de CO2 provenant de la combustion d’énergie et des processus industriels ont rebondi en 2021 pour atteindre le niveau annuel le plus élevé jamais enregistré. Une augmentation de 6 % par rapport à 2020 a fait passer les émissions à 36,3 gigatonnes (Gt)… . . . Les émissions ont augmenté de près de 2,1 Gt par rapport aux niveaux de 2020. L’année 2021 dépasse ainsi 2010 en tant que plus grande augmentation annuelle des émissions de CO2 liées à l’énergie en termes absolus. Le rebond de 2021 a plus qu’inversé la baisse des émissions de 1,9 Gt provoquée par la pandémie en 2020. En 2021, les émissions de CO2 ont dépassé d’environ 180 mégatonnes (Mt) le niveau de 2019, avant la pandémie.
Voici le graphique de l’AIE sur les émissions mondiales depuis 1900 :
Pour résumer le graphique, l’obsession occidentale pour les “énergies vertes” et les “énergies renouvelables” depuis 2000 environ s’est accompagnée d’une augmentation de 50 % des émissions mondiales annuelles de CO2, qui sont passées de 24,3 Gt en 2000 à 36,3 Gt en 2021.
Quel est donc le moteur de la récente augmentation rapide des émissions mondiales de CO2 ? Selon l’AIE, c’est principalement la Chine :
Le rebond des émissions mondiales de CO2 au-dessus des niveaux pré-pandémiques est en grande partie dû à la Chine. . . . Les émissions de CO2 de la Chine ont augmenté de 750 Mt au cours de la période de deux ans entre 2019 et 2021. La Chine a été la seule grande économie à connaître une croissance économique à la fois en 2020 et en 2021. L’augmentation des émissions en Chine a plus que compensé la baisse globale dans le reste du monde de 570 Mt entre 2019 et 2021. . . . Avec une croissance rapide du PIB et une électrification supplémentaire des services énergétiques, la demande d’électricité en Chine a augmenté de 10 % en 2021, plus rapidement que la croissance économique à 8,4 %. L’augmentation de la demande de près de 700 TWh est la plus importante jamais enregistrée en Chine. La croissance de la demande étant supérieure à l’augmentation de l’offre à faibles émissions, le charbon a été sollicité pour combler 56 % de la hausse de la demande d’électricité.
Le rapport de Mme Adams pour le GWPF souligne l’accélération du développement par la Chine de ses ressources en combustibles fossiles, notamment des centrales électriques alimentées au charbon :
Pékin n’est pas près d’abandonner le charbon, sa forme d’énergie la plus sûre. En 2020, il représentera 57 % de la consommation énergétique totale de la Chine. L’année dernière, ses 38,4 gigawatts de nouvelles centrales électriques au charbon représentaient plus de trois fois la nouvelle capacité construite dans le reste du monde. Une autre tranche de 247 gigawatts est en cours de planification ou de développement, et d’autres suivront. L’année dernière, les provinces chinoises ont accordé des autorisations de construction pour 47 gigawatts de projets de centrales à charbon, soit plus de trois fois la capacité autorisée en 2019.
Observant le développement continu par la Chine de son infrastructure de combustibles fossiles, Mme Adams remarque que la Chine n’a pas l’intention de s’affaiblir en adoptant des objectifs de réduction des émissions de CO2 :
La poursuite des réductions de CO2 en Chine ne servirait ni l’objectif de préserver le régime communiste ni celui de devenir la première superpuissance mondiale d’ici 2049. Pour les dirigeants chinois, c’est une évidence. La réduction des émissions de dioxyde de carbone n’a de sens que pour ceux à qui elle veut nuire et qu’elle veut supplanter.
Chaque jour, je m’efforce de comprendre ce que des pays comme la Californie, New York, l’Allemagne ou le Royaume-Uni – ou même l’ensemble des États-Unis – pensent accomplir en limitant l’utilisation des combustibles fossiles, alors que la Chine, dont la population est le double de celle des États-Unis et de l’Europe réunis et qui produit à elle seule un tiers des émissions mondiales, continue à construire de plus en plus de centrales au charbon. Peut-être qu’un lecteur pourra m’aider.