Cet article est republié, via Transitions & Energies, à partir de The Conversation sous licence Creative Commons Lire l’article original sur The Conversation (en anglais).
D’ici 2040, selon les prévisions de l’Agence internationale de l’énergie, la demande de minéraux dits critiques, indispensables à la fabrication des équipements renouvelables et des batteries, devrait être multipliée par six. Il faudra ouvrir près de 400 nouvelles mines… Et il faudra impérativement trouver le moyen de limiter leur impact environnemental et social.
Demande de minéraux en millions de tonnes pour les technologies de la transition énergétique. The Conversation Source: The Role of Critical Minerals in Clean Energy Transitions/IEA Get the data Created with Datawrapper
Les minéraux de transition comprennent des métaux tels que le lithium, le cobalt, le cuivre, le graphite, le magnésium et le nickel. Ils comprennent également des terres rares comme le néodyme, le praséodyme, le dysprosium et le terbium.
Actuellement, l’exploitation minière fournit la quasi-totalité de notre approvisionnement. L’ampleur de la demande pour ces minéraux pourrait entraîner la création de près de 400 nouvelles mines d’ici à 2035.
Pour donner un ordre d’idée, l’Australie compte environ 350 mines en activité. Plus de 50% du lithium mondial et une grande partie du cuivre, du cobalt, du nickel et des terres rares proviennent de nos mines.
L’Australie accueille cette semaine le World Mining Congress (Congrès mondial de l’exploitation minière). L’une des questions clés pour cette industrie est de savoir comment s’assurer que les minéraux nécessaires à la transition énergétique proviennent d’une source responsable.
Comment gérer la demande?
Nous pouvons concevoir des systèmes d’énergie et de transport qui minimisent la demande en minéraux. Les stratégies consistent notamment à :
- réduire notre dépendance à l’égard des voitures et utiliser des véhicules plus petits
- améliorer l’efficacité énergétique
- passer à une économie circulaire qui fait de la réutilisation et du recyclage une priorité.
Tous ces changements peuvent réduire le besoin de nouvelles mines.
Le recyclage, par exemple, pourrait réduire la demande de matériaux miniers. Pour les batteries lithium-ion des véhicules électriques, les réductions estimées sont de 25% pour le lithium, 35% pour le cobalt et le nickel, et 55% pour le cuivre d’ici 2040.
Ce contenu recyclé proviendra principalement des batteries usagées. Mais de grandes quantités de batteries lithium-ion ne commenceront pas à atteindre la fin de leur vie avant au moins une décennie. Le recyclage n’aura un impact significatif qu’à partir de 2035.
L’exploitation minière est inévitable, il faut donc en limiter absolument l’impact
Si nous devons continuer à extraire les minerais nécessaires à la transition énergétique, comment le faire de manière responsable? Et qu’entend-on exactement par approvisionnement responsable?
L’approvisionnement responsable minimise les impacts et les risques environnementaux, sociaux et de gouvernance de l’exploitation minière. Les principales préoccupations sont le recours au travail des enfants et au travail forcé, les dommages causés à l’environnement, l’impact sur les droits et le patrimoine culturel des populations autochtones et la corruption.
En 2011, le gouvernement australien a publié des orientations sur l’exploitation minière durable. Les effets néfastes historiques et récents soulignent la nécessité d’un nouveau regard sur les pratiques minières. En 2020, par exemple, Rio Tinto a détruit un site du patrimoine aborigène vieux de 46.000 ans dans les gorges de Juukan.
Les Premières nations du monde entier réclament un consentement préalable, libre et éclairé lorsque des projets d’exploitation minière et d’énergie renouvelable sont proposés sur leurs terres. Cette approche reconnaît le droit d’être consulté dès le début du processus, d’être informé des impacts et d’être encouragé à prendre part aux négociations et à la conclusion d’accords. Plus important encore, elle inclut le droit de dire non.
Dans de nombreuses régions d’Australie, les communautés indigènes ont été exclues des opportunités économiques, bien que l’exploitation minière ait généré d’énormes richesses sur leur territoire.
Qu’est-ce que l’approvisionnement responsable?
Comment faire les choses de manière plus responsable? Nous devons veiller à ce que les activités soient conformes à une série de critères de durabilité. Une norme convenue nous permettra de disposer d’informations pour comparer les bonnes et les mauvaises pommes.
Le problème est qu’il n’existe pas d’approche commune pour mesurer, gérer et rendre compte des performances environnementales, sociales et de gouvernance. Notre récente étude a analysé la pléthore de normes et de certifications volontaires à la disposition des producteurs de matériaux pour batteries. Aucune norme mondiale ou australienne commune n’a été adoptée.
Les petites entreprises minières sont également confrontées à la complexité administrative des rapports sur le développement durable et des critères de gestion. Il est nécessaire d’adopter un langage commun pour les rapports et la gestion. Ce n’est qu’à cette condition que les solutions de traçabilité, telles que le «passeport de batterie» basé sur la blockchain de la Global Battery Alliance, pourront produire des résultats fiables et comparables.
Plaçons la barre très haut
Nos recherches ont permis d’identifier l’Initiative for Responsible Mining Assurance (IRMA) comme l’une des normes les plus rigoureuses. Sa crédibilité repose sur la manière dont elle est gérée. Celle-ci implique six groupes de parties prenantes : les sociétés minières, les acheteurs, les ONG, les communautés affectées, les organisations syndicales et le secteur financier.
Des questions restent en suspens. Comment les pratiques australiennes se situent-elles par rapport à la norme? Et comment la réforme réglementaire peut-elle contribuer à orienter les opérations minières dans la bonne direction ?
L’accent mis sur les pratiques environnementales, sociales et de gouvernance dans la stratégie australienne sur les minéraux critiques, publiée la semaine dernière, est une première étape bienvenue.
Les questions qui doivent être au centre des préoccupations sont les suivantes :
- l’impact de l’exploitation minière sur l’approvisionnement en eau
- le consentement libre, préalable et éclairé des communautés des Premières nations
- la planification intégrée des effets du changement climatique, tels que les conditions météorologiques extrêmes susceptibles d’affecter la gestion des résidus miniers
- la protection de la biodiversité
- la planification de la fermeture des mines qui intègre la réhabilitation progressive des écosystèmes
- – des pratiques commerciales circulaires pour tirer le meilleur parti de ce que nous avons.
En tant que nation minière de premier plan, l’Australie est en mesure de tirer parti de son leadership historique en matière d’environnement, de faire preuve d’une responsabilité et d’une intégrité renouvelées et de montrer l’exemple. Nous pourrons ainsi contribuer à laisser la planète dans un état dont les générations futures seront fières d’hériter.
Rusty Langdon Senior Research Consultant, Institute for Sustainable Futures, University of Technology Sydney
Elsa Dominish Research Principal, Institute for Sustainable Futures, University of Technology Sydney
Une réponse
La phrase suivante:
“D’ici 2026, la production mondiale d’électricité renouvelable devrait égaler la production électrique totale provenant de combustibles fossiles et d’énergie nucléaire.”
Montre que nous sommes en plein délire! A cette date il n’y aura même pas égalité des puissances installées.
A puissance installée égale les EnR donnent 5 fois moins d’énergie!
Tous ce qu’on réussit à faire avec ces EnR c’est la modification certaine des climats! L’énergie arrachée aux vents par les éoliennes et le rayonnement thermique des capteurs solaires qui transforment 85% de l’énergie solaire incidente en chaleur auront de vraies conséquences bien pire que ce que les climatoréchauffistes craignent de la par du CO2!