(Transitions & Energies du 6/2/24)
Que la croissance des ventes de voitures électriques finisse par ralentir n’est pas une surprise et est parfaitement logique. Mais elle se fait un peu partout dans le monde bien plus rapidement que prévu. Cela crée des difficultés supplémentaires pour les constructeurs et rend encore plus incertaines les ambitions irréalistes de nombreux gouvernements, notamment européens, de substitution en quelques années des parcs de véhicules à moteur thermiques par des véhicules électriques.
C’est une évolution logique et attendue. La progression des ventes de véhicules électriques doit finir par ralentir et ne peut pas augmenter de 50 à 100% tous les ans. Le problème est que le ralentissement intervient bien plus tôt que prévu un peu partout dans le monde. Cela contraint les constructeurs automobiles a des ajustements difficiles de stratégies et de capacités et rend encore plus irréalistes les objectifs gouvernementaux de conversion à marches forcées des motorisations thermiques vers l’électrique.
La première vague qui a vu la croissance fantastique des ventes de véhicules électriques a été portée par les adeptes de la nouveauté, les passionnés de technologie, le marqueur social que représente pour certains le passage à la motorisation électrique, de généreuses subventions gouvernementales et la conversion de flottes d’entreprises.
Convaincre une clientèle plus réticente
La deuxième phase est plus compliquée. Il s’agit de convaincre des conducteurs plus soucieux de leur budget, moins enthousiastes à l’égard de la technologie et pas vraiment convaincus de l’intérêt d’acheter des véhicules plus chers que des voitures thermiques équivalentes tout en offrant moins de facilités d’usage. En moyenne, les véhicules tout électriques sont respectivement 30% plus chers en Europe et 27% aux États-Unis que leur équivalent thermique. Les subventions et aides diverses qui ont grandement contribué à stimuler les ventes se tarissent en Europe, et dépendent aux États-Unis du fait que les véhicules soient fabriqués sur le sol américain ce qui réduit considérablement l’éventail de l’offre.
Enfin, certains consommateurs restent toujours préoccupés par la disponibilité des infrastructures de recharge et l’autonomie des batteries. Les progrès technologiques sans cesse annoncés des batteries finissent pas être contre productifs et amènent les automobilistes à reporter leurs achats en attendant que les nouvelles technologies soient sur le marché.
La question reste posée. Est-ce un marché devenu mature où est-il toujours en partie artificiel du fait à la fois des subventions et des aides dont bénéficient les acheteurs, et des contraintes et pénalités infligées aux utilisateurs de véhicules thermiques et aux constructeurs qui ne basculent …