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La Statistical Review of World Energy, version 2024, publication qui fait autorité depuis 73 ans, montre une fois encore que le processus de transition énergétique – consistant à substituer des sources d’énergie bas carbones aux combustibles fossiles – a en fait à peine commencé à l’échelle planétaire. Cela tient avant tout à l’ampleur des transformations à mener et des moyens techniques et financiers à mobiliser. L’an dernier, la consommation d’énergie dans le monde a atteint de nouveaux sommets à 619,6 exajoules et effacé ainsi les derniers stigmates de la pandémie de Covid en étant supérieure de 5% à la consommation de 2019 dernière année avant Covid. Les combustibles fossiles ont assuré 81,5% de la consommation mondiale en baisse de 0,4% par rapport à 2022. En conséquence, les émissions de gaz à effet de serre provenant de l’énergie ont dépassé 40 gigatonnes pour la première fois. Et l’Europe, qui se veut exemplaire, en est encore à près de 70% de fossiles en dépit de sa décroissance énergétique.
S’il existait encore des illusions sur la réalité de la transition énergétique et des scénarios plus ou moins étayés de disparition rapide des combustibles fossiles, la 73ème édition de la très respectée Statistical Review of World Energy (Revue statistique de l’énergie mondiale) devrait les balayer définitivement. La transition, qui consiste rappelons-le à substituer des sources d’énergies bas carbone aux carburants fossiles, n’en est qu’à ses prémices à l’échelle mondiale et même l’Europe, qui se veut un modèle, affiche des résultats relativement modestes.
Rappelons que l’an dernier, la Statistical Review of World Energy a changé de propriétaire et été publiée pour la première fois par l’Energy Institute en collaboration avec les cabinets de conseil KPMG et Kearney. Cette mission lui a été transmise par la compagnie pétrolière BP qui en était l’auteur depuis 1952 et s’est désengagée pour lever les éventuels doutes sur son indépendance du monde pétrolier. L’étude est considérée comme « la collecte et l’analyse la plus complète, la plus objective et la plus opportune de données sur la production, la consommation et les émissions d’énergie dans le monde ».
Records de consommation d’énergie et de fossiles
Sa principale conclusion est que l’année 2023 a été marquée par des « records de production et de consommation à tous les niveaux, la plupart des marchés revenant au moins aux tendances de long terme d’avant le Covid-19 tandis que les problèmes de chaîne d’approvisionnement se sont enfin dissipés… Consommation sans précédent de combustibles fossiles et émissions records liées à l’énergie, mais aussi production record à partir de sources d’énergie renouvelables, grâce à des énergies éolienne et solaire de plus en plus compétitives. La transition progresse lentement, mais ce tableau d’ensemble masque des évolutions énergétiques différentes selon les différentes zones géographiques ».
La consommation mondiale d’énergie primaire s’est élevée à 619,6 exajoules en 2023, soit près de 2% de plus qu’en 2022, déjà une année record et plus de 5% de plus qu’en 2019, dernière année avant la pandémie de Covid. La part des énergies renouvelables dans le mix énergétique mondial a progressé à 14,6% en 2023 contre 14,2% en 2022. Avec le nucléaire, cela représente 18% du total de l’énergie primaire consommée qui est bas carbone. Pour autant, les énergies fossiles représentaient 81,5% du mix énergétique mondial en 2023 en retrait de 0,4% par rapport à 2022. Les fossiles ont vu des records mondiaux de production et de demande de charbon (+1,6%) et de pétrole (+2%) dont la consommation a dépassé 100 millions de barils par jour pour la première fois tandis que la demande de gaz naturel est restée stable. En conséquence, les émissions de gaz à effet de serre provenant de l’énergie ont progressé de 2,1% par rapport à 2022 et dépassé 40 gigatonnes pour la première fois. Pour donner une idée de la progression des fossiles, en 2023 le total des échanges internationaux de pétrole, de gaz et de charbon était supérieur de 53% à ce qu’il était en 2000.
Les émissions de gaz à effet de serre provenant de l’énergie ont dépassé pour la première fois 40 gigatonnes en 2023. Elles proviennent de trois sources : la combustion des énergies fossiles (bleu), les procédés industriels et le méthane (violet) et le torchage du gaz (rouge). Source : Statistical Review of World Energy.
Différences géographiques majeures
Il faut souligner au-delà de ce constat général …